Real de Catorce, le village fantôme
Nous poursuivons vers le nord en empruntant une immense autoroute toute droite sur des centaines de kilomètres au milieu du désert. De petites cahutes de branches et plastique jalonnent le bord de cette autoroute, habitées par des familles vivant dans une précarité extrême et composées exclusivement de femmes et d’enfants. Toutes vendent des peaux de serpents ou de rongeurs et font des signes aux voitures pour demander l’aumône. Au début, on ne comprend pas très bien ce qu’elles font ici, il n’y a absolument rien à part du désert et quelques stations-services. A l’une de celles-ci, nous proposons des fruits à ces femmes, mais au lieu de cela elles nous demandent des dollars et ne nous remercient même pas pour les fruits. Nous comprenons alors la situation. En fait il faut savoir que cette autoroute est celle qui mène le plus rapidement à la frontière avec les Etats-Unis et ces familles sont en fait à la recherche de fonds ou d’un transport les emmenant à cette fameuse frontière. Les maris semblent absents, sont-ils déjà aux USA pour travailler ? Les familles restées seules au pays veulent-elles aussi tenter leur chance ? Toujours est-il que cette misère est triste à voir.
Les 25 derniers kilomètres du jour se font sur une route entièrement pavée (dur pour les suspensions !), nous montons dans les montagnes désertiques et devant nous un tunnel creusé à même la roche où le croisement est impossible sur 2.5km. Nous débouchons sur le petit village de Real de Catorce, perché à 2750m d’altitude, un village fantôme mais qui fut une des villes minières les plus prospères de l’époque. Fondée en 1779 après la découverte d’importants gisements d’argent, le village connaît un développement rapide avec la construction de belles demeures, une majestueuse église, un hôtel de la monnaie où sont frappés les pesos et la population croît à 15'000 habitants. Mais au début du XXe siècle, le cours de l’argent baisse et la belle cité se trouve ruinée. Les gens fuient et ne subsiste à présent qu’un village voué au tourisme avec ses édifices de pierres à moitié en ruine, on se croirait au Far West ! D’ailleurs de nombreux films ont été tournés dans ce décor, comme "Le Mexicain" avec Brad Pitt.
Nous arrivons en fin de journée et quelques heures après, il pleut des cordes (une sacrée roille comme on dirait par chez nous). Notre projet de petit barbecue étant râpé, nous filons dans un resto manger une pauvre pizza du style « Pizza Family » de la Migros, mais soi-disant concoctée par un cuisinier italien… Nous passons la nuit dans notre voiture à côté de la Plaza de Toros (à l’époque utilisée pour les corridas), la pluie ne cesse de tomber et nous nous réveillons le matin avec un froid de canard, on a perdu pas mal de degrés dans l’histoire, il doit faire dans les 7º ! En prime, la voiture ne démarre pas, les pédales de gaz et de freins ne répondent plus… et on se trouve dans le village le plus paumé de tout l’intérieur du Mexique, super ! Yannick tente une petite vérif’ du moteur, mais ne trouve pas grand-chose à redire, il remet un peu d’essence dans les injecteurs et finalement la voiture se décide à redémarrer, on n’y comprend rien du tout ! On se lance quand même dans un petit tour à pied du village sous la pluie battante et nous laissons tomber notre idée initiale ; une balade à la montagne sacrée des indigènes Huicholes qui viennent communier avec leur dieu à l’aide des effets hallucinogènes du cactus de la région. Il paraît que le panorama sur la région est magnifique d’en-haut, mais d’en-bas, nous on voit que du brouillard !
Nous repartons donc de Real de Catorce un peu déçus, car finalement nous n’avons pas fait grand-chose à part se les peler !
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Zacatecas, une tequila et le froid passe
Nous continuons donc notre avancée dans le désert en redescendant au sud sur la ville de Zacatecas. A nouveau, nous sommes quasiment les seuls sur cette route rectiligne, seuls d’immenses cactus ressemblant à des arbres ponctuent le paysage. Nous voyons notre jauge à essence descendre dangereusement vers la réserve et toujours pas de station-essence Pemex en vue (la seule marque disponible au Mexique qui produit son propre pétrole, ...du gouvernement!). On commence à avoir un peu les jetons, car il n’y a vraiment rien par ici ! Finalement, juste après que la lumière de la réserve s’enclenche, nous apercevons l’enseigne vert-rouge de Pemex, ouf, on est sauvé ! La prochaine fois c’est promis, on fera le plein dès que possible, apparemment, on peut pas trop jouer à ça dans le désert…
Ca y est, nous arrivons dans la ville de Zacatecas et cette fois, nous prenons une chambre dans une auberge de jeunesse, il faut dire que ça fait près de 5 jours qu’on n’a pas eu de douche, beurk ! ;-) Au milieu du désert, la ville de Zacatecas a elle aussi construit son succès sur ses gisements d’argent, qui sont encore exploités d’ailleurs. Le centre historique est très beau, les bâtiments coloniaux très bien conservés et les pittoresques ruelles escarpées aux maisons colorées sont charmantes. Nous faisons travailler nos gambettes en montant au Cerro de la Bufa d’où la vue sur la ville est magnifique, mais on sent qu’on est à 2500m d’altitude, le souffle est court ! On redescend en ville en empruntant un téléphérique suisse, si si, des années 70 !
Nous ne nous éternisons pas trop à Zacatecas, car là aussi, ça caille un maximum. La nuit on doit approcher les 0º, bien sûr pas de chauffage, Céline dort en cosmonaute, mais rien n’y fait, on est congelé ! C’est fou ça, on pensait pas qu’il pouvait faire aussi froid dans le désert, car même la journée, on quitte pas la grosse polaire. Du coup, pour se réchauffer, on est obligé de goûter à la tequila locale un soir avec les autres clients de l’auberge. La vie est dure ! Bref, on reprend donc notre voiture (euh, on attend que la tequila s’évapore quand même), qui démarre de nouveau nickel (ah ces voitures ricaines…), et on fait route sur le sud.
=> Album Photos Zacatecas
Guanajuato et ses momies
Guanajuato, une petite ville super sympa construite sur plein de collines et bénéficiant d’un climat bien plus agréable qu’au nord d’où nous arrivons. La ville est telle un emmental troué de partout (pour les novices, non le gruyère n’a pas de trous !), il y a des tunnels de partout ce qui rend la circulation assez compliquée, trop compliquée pour nous, nous la visitons à pied ! Les petites ruelles sont très mignonnes et on passe des heures à flâner dans cette cité inscrite à l’Unesco et connue comme la « perle des villes coloniales ». A nouveau, Guanajuato a connu l’opulence au XVIe siècle grâce à ses mines d’or et d’argent.
Comme tous les mexicains visitant cette cité, nous décidons de tenter l’expérience du musée des momies. Plus d’une centaines de momies plus vraies que nature sont exposées derrière des vitres, nues ou avec leurs habits d’origine. Ces momies sont en fait le résultat d’un phénomène totalement naturel. Les minéraux contenus dans la terre et les conditions atmosphériques particulièrement sèches font qu’un corps se momifie en à peine 5 à 6 ans… On ressort un peu effrayés par ces visions macabres, mais les mexicains, visiblement ravis, prolongent l’expérience en achetant des sucreries à l’effigie de la mort représentée par une tête de mort… Charmant !
Nous voici donc sur le chemin du retour à México City pour y passer quelques jours. Il faut notamment retourner dans quelques magasins pour des produits qui ne fonctionnent pas, comme un convertisseur d’allume-cigare qui a cramé dès la première utilisation, une cassette pour l’ipod qui fait un bruit de casserole et notre réchaud à gaz avec la bouteille dont il manque le détendeur… Eh oui, au Mexique il faut s’attendre à ce que rien ne fonctionne du premier coup, il faut avoir BEAUCOUP de patience… ;-)
=> Album Photos Guanajuato
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Il y a 10 ans
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