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Ce blog vous fait partager nos aventures en Amérique latine. Elles ont débuté le 17 septembre 2008 et se sont terminées le 3 mai 2010. 20 mois de découvertes, d'anecdotes, de rencontres inédites, QUE DU BONHEUR !!!

Bonne lecture et profitez de la vie !

Céline & Yannick

dimanche 20 juin 2010

Trinidad, ses magnifiques bâtiments, sa musique et ses langoustes!

Quelques heures de route nous séparent de Trinidad. Nous faisons une petite halte dans la ville de Cienfuegos, le temps de faire le plein et manger une pizza dans le fast-food « El Rápido », présent dans chaque ville de Cuba. Il faut quand même qu’on vous parle des pizzas cubaines… Rien à voir avec les pizzas italiennes, ici, c’est plutôt grosse pâte épaisse, un colorant rouge pour la sauce tomate, un peu de fromage (rien à voir avec la mozzarella) et si on a de la chance, du jambon ou de la saucisse (style wienerli) et hop au micro-ondes, mmh miam ! C’est ça la pizza cubaine, mais ça a l’avantage d’être économique…

Un petit vieux se propose de surveiller notre voiture et il reste pendant 20 minutes, les yeux fixés sur la voiture, il est trop chou ! Lui et sa bande de copains essaient de se faire des petits sous comme ça, mais au vu de sa démarche, ça doit pas servir qu’à manger… Hihi ! Avant d’arriver à Trinidad, nous dégotons de magnifiques mangues sur la route. Des gens qui paraissent bien plus pauvres que ceux qu’on a rencontrés en ville tentent de vendre leur maigre récolte aux automobilistes. Et ils la vendent en monnaie nationale, les CUP, alors que tous les gens des villes se font payer en CUC, les pesos convertibles qui valent 25x plus. Ainsi fonctionne l’économie à deux vitesses de Cuba…

Ca y est nous arrivons à Trinidad, une ville inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco pour ses ruelles pavées, ses belles maisons restaurées et ses églises imposantes, une magnifique ville coloniale très colorée. Nous nous rendons dans la casa particular recommandée par Papo, notre hôte de Viñales, mais il est complet, il nous dirige donc chez ses voisins. A nouveau, nous négocions sec le prix de la chambre car il est élevé et à chaque fois on nous fait le coup du « oui mais ici c’est normal que ce soit plus cher qu’ailleurs, car nous payons beaucoup plus d’impôts que dans les autres villes ». On n’est pas dupe quand même, c’est toujours la même rengaine ! Nous demandons sans petit-déjeuner (ce qui semble de nouveau être quelque chose qui ne se fait pas…) et un repas du soir que nous préparerons nous-mêmes et l’autre, ce sera de la langouste.

Donc nous voilà en train de nous cuisiner des spaghettis bolognaise, ça fait du bien de manger des pâtes, mais la sauce tomate est tellement salée, c’est terrible. Difficile de trouver des bons produits par ici et il n'y a aucun choix. Le lendemain, nous nous réveillons avec une pluie d’enfer, il pleut tellement fort que ça ne nous donne pas du tout envie de sortir ! On reste donc tranquille dans la chambre, le temps que ça se calme. En fin de journée, nous osons une petite balade dans la ville et nous tombons sur un groupe de musique qui joue dans les rues, le fameux « el son cubano », la musique traditionnelle de Cuba. On adore vraiment ces chansons, on reste pas mal de temps à les écouter, c’est excellent (vidéo) ! Trinidad est une ville vraiment agréable pour se promener, le seul inconvénient, ce sont les gens qui sans cesse nous abordent pour nous proposer la langouste (le plat que plein de restos familiaux illégaux proposent aux touristes, car tout restaurant familial doit normalement payer des impôts au gouvernement…), un tour à cheval dans la région de Trinidad, des cigares à acheter, bref, c’est presque du harcèlement !

Le soir, nous mangeons dans la casa particular. Normalement, nous avions demandé de la langouste, mais il paraît qu’ils n’en vendaient pas au port, à cause du mauvais temps… Hm, bizarre alors qu’on nous en a proposé une bonne dizaine de fois en se baladant dans la ville… Du coup, c’est crevettes au menu, c’est sûr que c’est bien meilleur marché que la langouste. Oh la la, mais on est médisant ! Nous décidons de partir le lendemain matin, nous avons envie de plages et on croise les doigts pour que le temps soit avec nous. Le gars de la casa essaie de nous retenir pour qu’on profite encore des activités de la région, mais non, nous partirons demain, nous lui disons que nous nous lèverons vers 8h30 pour lui reconfirmer tout ça. La dame de la casa nous demande si nous possédons de l’immodium car son père est malade. On lui en donne quelques-uns qui nous restent.

Le lendemain donc, à 7h pétantes, nous entendons un brouhaha d’enfer. Des touristes visitent la casa et nous comprenons ce que le gars leur dit : « vous pourrez prendre possession des chambres à partir de 8h30 ». Bien sûr, on est remonté à bloc, on est réveillé à 7h et on apprend qu’on est sensé partir à 8h30, alors que l’on peut normalement profiter de la chambre jusqu’à midi. Et en plus c’est le mec de la casa qui insistait pour qu’on reste encore une nuit ! Evidemment, nous n’arrivons pas à nous rendormir, on est trop énervé. Céline va prendre sa douche et entre temps, le proprio toque violemment à la porte de notre chambre, il doit être 8h15. Yannick se lève beau énervé et le mec nous demande pourquoi on est encore là. Alors là, Yannick s’énerve et lui explique un peu comment ça se passe. Sur ce, Céline sort de la douche, la serviette autour du corps, les cheveux dégoulinants et vient en renfort. Telle une furie, car elle remballe le mec aussi sec qui finit par s’excuser… Il nous dira plus tard que si on veut rester plus longtemps, il n’y a pas de problème, puisque les touristes sont allés chercher une autre casa. Alors là on hallucine, il est pas gonflé le mec !

Avant de partir de la casa, nous jetons un œil à la cuisine, les médicaments qu’on a donnés pour le père soi-disant malade sont toujours là à traîner sur la table… Ca devait pas être si urgent que ça finalement…

Bref, un dernier tour de la ville et nous partons de Trinidad, direction la mer ! La route est super belle, surtout la région de Trinidad que nous admirons depuis un mirador. C’est super vert avec des palmiers partout, des montagnes recouvertes de forêt, wouah !

=> Album Photos Trinidad

samedi 12 juin 2010

Rencontre du troisième type à la Baie des Cochons

Nous partons de Viñales avec une grande route devant nous. Nous remontons jusqu’à la Havane pour ensuite redescendre sur la côte sud de l’île, au compteur, près de 500km. Notre objectif est la Bahía de Cochinos, la baie des cochons, connue pour un triste fait historique, mais aussi pour un immense mur de corail qu’il est possible d’admirer en plongée ou snorkeling.

Sur la route, peu de possibilités de se restaurer. On est loin du Mexique où les marchands ambulants et les restos jalonnent la route. Et on n’avance pas si vite que ça, surtout qu’on se trompe plusieurs fois de route en arrivant près de la Havane. Il faut dire que les panneaux de signalisation ne sont pas légion, Yannick a beau posséder trois copilotes, ce n’est pas suffisant apparemment ! Après 2h de route autour de la Havane, on retrouve finalement la bonne autoroute qui nous emmène dans l’est de l’île.

Nous arrivons à l’entrée de la baie des cochons en fin d’après-midi et nous nous renseignons sur les possibilités de balade dans le parc naturel Ciénaga de Zapata, un immense marécage qui abrite de nombreuses espèces d’oiseaux. L’homme affable nous répond qu’aucune excursion en bateau n’est possible, il faut y aller avec sa propre voiture et on s’arrête à quelques points d’observation, bien sûr en utilisant les services d’un guide et c’est pas donné. Bof, on n’est pas très emballé, ni par l’amabilité du gars, ni par la perspective d’une balade en voiture et encore moins par le prix. On se décide à se rendre à la casa particular que notre ami Papo de Viñales nous a recommandé, à Playa Larga. Nous apercevons la mer, mais rien à voir avec l’idée qu’on s’en faisait. C’est plutôt rocailleux et pas si turquoise que ça. La dame de la casa particular n’a plus de place pour nous et informe Yannick que la visite du parc naturel ne vaut pas le coup à cette saison, car tous les oiseaux migrateurs sont partis. Tiens tiens, on s’est bien gardé de nous le dire ça ! On a donc meilleur temps de faire encore 35km de plus pour rejoindre Playa Girón, la dame nous réserve deux chambres chez une connaissance. Elle prévient Yannick que pour faire ces 35km, il nous faudra bien une heure, car nous allons vivre une expérience assez hors du commun… Yannick se garde bien de nous dire laquelle et nous partons gaiement sur la route qui longe la côte de la baie des cochons.

Au bout de 10 minutes, nous apercevons de petites créatures qui traversent la route, oh mais c’est pas vrai, des crabes !!! Cela commence par des centaines et bientôt des milliers qui traversent la chaussée, impossible de les éviter et ils sont super gros ! Nous roulons à 30 km/h et en écrasons des centaines. Ca fait un bruit d’enfer, c’est horrible, on met la musique à fond, on crie à tue-tête, on essaie tant bien que mal de parler d’autres choses, mais on n’y arrive pas, on est dégoûté. Yannick qui conduit en a presque des gouttes de sueur qui lui coulent sur le front, c’est vraiment terrible cette expérience (vidéo) ! Mais qu’est-ce que ces crabes font ici ? Normalement ils habitent dans les forêts retirées de la côte et creusent des trous dans le sol pour y élire domicile. Mais chaque année, ils entreprennent un long voyage jusqu’à la mer pour copuler. Et c’est par millions qu’ils accomplissent cette migration ! Bien sûr, cela fait des millénaires qu’ils sont là, bien avant qu’une route longeant le littoral soit construite. Et maintenant, ils se font écraser par milliers par les voitures… Toutefois, il semble que la population soit toujours aussi importante.

Bref, après trois quart d’heure à ce régime, nous arrivons enfin à Playa Girón où nous avons une casa particular réservée. Là encore, il y a des crabes qui cernent la maison, on n’en mène pas large, surtout Amélie qui ose à peine sortir de la voiture ! Et nous qui voulions rester plusieurs jours ici pour profiter de la plage… Seule une chambre est disponible pour Amélie et Gaëtan dans la maison, nous deux devons nous rendre dans une autre un peu plus loin. Nous essayons tant bien que mal de négocier le prix, pas facile, c’est super cher ici. Et quand nous disons que nous ne voulons que le plat du soir et pas le déjeuner, on sent bien que ça les ennuie. Mais voilà, nous ne mangeons pas beaucoup le matin et surtout des fruits, donc on ne prend jamais le petit-déj. Et puis c’est un coût non négligeable qu’on économise. Nous laissons les poulets s’installer et on va voir notre autre maison. Une demi heure après, la dame de la maison nous informe qu’Amélie et Gaëtan doivent déménager, car d’autres personnes arrivent dans leur casa ! On va les chercher en voiture et là on s’énerve avec les proprios, car en fait, deux autres touristes ont débarqué, qui eux paient le prix plein, prennent petit-déj et souper, par conséquent, c’est beaucoup plus intéressant financièrement. En gros, on jette les poulets et on nous dit que c’est mieux ainsi, car ils pourront résider dans la maison voisine de la nôtre. Yannick est remonté à bloc et le fait bien comprendre aux gens. Non mais franchement, quelle manière de traiter les gens ! Sympa de voir des gens intéressés qu’au fric.

Finalement, on mange super tard avec toutes ces histoires, mais la cuisine est très bonne et on va enfin se reposer après tant de route et surtout autant d’émotions ! Le lendemain, après quelques rêves habités par des crabes, nous décidons de ne pas rester, franchement, c’est vraiment pas agréable ces crabes qui traînent partout. On en retrouve dans l’air conditionné des chambres, en fait ils grimpent partout, c’est terrible ! On se voit mal profiter de la plage, y en a partout ! Avant de partir, nous allons quand même jeter un œil à une petite plage de sable blanc où il n’y a miraculeusement pas de crabes. Mais ce ne sont de toute manière pas les plages dont on rêve, donc cap sur notre prochaine destination : la ville de Trinidad.

La minute culturelle

La baie des cochons que nous avons visitée en éclair a été le siège d’un événement historique terrible. En 1961, une invasion contre le régime castriste préparée par la CIA et entièrement menée par des cubains a été organisée. Mais Fidel Castro, dont les services secrets sont très efficaces, a été informé de cette opération et a réagi en conséquence. Ainsi, plus de 1000 cubains débarquèrent sur la playa Girón et ce fut un vrai carnage. Cet événement a bien sûr permis de démontrer la domination du régime de Castro et fut une humiliation terrible pour les Américains. L’histoire ne dit pas si les crabes ont eu un quelconque rôle à jouer dans la défaite...

=> Album Photos Playa Girón

mercredi 9 juin 2010

Salsa à Viñales et étoiles de mer à Cayo Jutías

Depuis Pinar del Río, nous empruntons une belle route sinueuse dans des montagnes verdoyantes couvertes de pins. Nous arrivons dans la vallée de Viñales et découvrons d’immenses rochers calcaires, les « mogotes », qui s’élèvent au milieu des champs à la terre couleur rouille, parsemés de palmiers, c’est juste magnifique. La terre est encore travaillée avec des bœufs, ou plutôt une sorte de zébu avec une grosse bosse sur le dos, des cornes immenses et des yeux de biche. Nous arrivons à Viñales, une charmante petite bourgade avec des maisons colorées possédant toutes une terrasse en bois avec colonnades et rocking-chairs où se balancent les petits vieux le « puro » à la bouche.

Nous tentons de loger au campismo Dos Hermanas qui semble un des meilleurs campings de Cuba selon notre guide, mais apparemment ils n’ont pas actualisé les informations, car depuis le passage des ouragans de 2008, seuls les bungalows réservés aux cubains ont été reconstruits. Et comme les exigences sont très élevées pour les logements des touristes (air conditionné par ex.), ils ne peuvent pas accueillir les étrangers, même si nous, on s’en fout de la clim ! Bizarre ces règles…

Nous allons donc voir la casa particular que notre ami Jorge nous a conseillé et nous faisons la connaissance de Papo, un homme extraordinaire qui nous plaît tout de suite. Cet ancien champion cubain de culturisme âgé de 48 ans a encore une masse musculaire vraiment imposante et sa salle d’entraînement à l’arrière de la maison est incroyable. Toutes les machines sont rouillées, les poids sont estampillés de Cuba et une grande affiche coloriée d’Arnold Schwarzenegger domine la scène. Papo et sa femme sont des personnes adorables, ils sont aux petits soins pour nous. Ils nous prêtent leur cuisine pour qu’on se fasse des pâtes un soir, ils discutent des heures avec nous, ils nous préparent une cuisine délicieuse et en énorme quantité, nous donnent plein d’infos pour la suite de notre voyage, vraiment, on se sent super bien chez eux !

Pour se faire à manger le premier soir, nous tentons une visite au marché du village. Il n’y a vraiment pas grand-chose à part des tomates, des pommes de terre et des oignons… On se demande comment font les cubains, apparemment, ils s’approvisionnent grâce aux vendeurs ambulants qui passent de maison en maison pour vendre leurs produits (tout ça au black, bien sûr!). Le pain, on n’en parle même pas, c’est la croix et la bannière pour en trouver. A chaque fois qu’on va dans une boulangerie, il n’y a pas de pain, à se demander à quoi elles servent. Bon ben on achète des pâtes et une sauce tomate… Pendant nos petites emplettes, nous sommes surpris par un violent orage, il pleut des cordes c’est de la folie. On rentre complètement trempés à la maison et l’atmosphère s’est bien rafraîchie, on mettrait même une petite laine !

Le lendemain, nous partons pour la plage, Cayo Jutías (« cayo » veut dire île). La route nous y conduisant est magnifique, nous longeons des montagnes couvertes de palmiers, des champs toujours avec cette couleur ocre et finalement nous atteignons la côte nord de Cuba. Là, une grande digue a été construite pour accéder à Cayo Jutías et il faut payer un droit d’entrée, 2 CUC par personne (2.40CHF). Les cubains, eux, paient en monnaie nationale, c’est 2 CUP par personne, 25 fois moins que pour nous… Arrivés sur l’île, il faut encore payer le parking, ils n’en manquent pas une. Bref, nous découvrons une eau transparente et turquoise, une plage de sable blanc, des troncs d’arbre séchés sur le bord, c’est superbe. Une petite balade le long de la mer et nous profitons enfin de nous jeter dans cette eau magnifique.

Nous décidons de faire un petit tour en bateau pour voir l’extrémité de l’île. Comme il y a beaucoup de vent aujourd’hui, l’eau est très agitée mais on arrive quand même à tomber sur quelques énormes spécimens d’étoiles de mer. C’est la première fois qu’Amélie et Gaëtan en voient et pour nous la seconde après notre croisière dans les îles du Panama. Mais c’est toujours aussi beau ces petites bestioles ! Le côté moins amusant de la petite balade, c’est le chauffeur du bateau qu’on retrouve en train de fouiller nos sacs. Pas très sympa, surtout qu’on vient de lui payer l’équivalent de deux mois de salaire d’un cubain ! Vraiment y en a qui manquent pas d’air… Il essaie encore de nous emmener manger un poulet frit sur la plage pour se choper une commission, mais non merci, on a déjà assez dépensé comme ça. Pfff pas facile…

De retour à Viñales le soir, nous sortons boire un verre dans un bar où un groupe cubain joue du « son », la musique traditionnelle cubaine. Ils reprennent les succès de Buena Vista Social Club, comme la fameuse chanson Chan Chan, c’est un réel plaisir de les écouter (vidéo). La musique cubaine est de loin la plus belle qu’on ait entendue de tout notre voyage. Surtout en comparaison du reggaton qui sévit dans toute l’Amérique latine, y compris Cuba. C’est surtout une musique de jeunes, un mélange de rap, hip-hop et son latin, que nous n’avons jamais réussi à apprécier. Donc là, écouter une musique si belle, raffinée, jouées par des cubains qui ont le sourire aux lèvres et le rythme dans la peau, c’est un pur bonheur !

Nous terminons la soirée à la Casa de la Musica, une vraie institution dans chaque ville touristique du pays. Il y a beaucoup de touristes bien sûr, mais on y danse plus tard que tous les autres bars de la ville. Amélie et Céline sont invitées par des cubains à danser, mais on nous prévient qu’il faut avoir l’œil, car une fois qu’un cubain a invité une fille à danser, plus moyen de la reprendre au risque de se faire péter la figure… Hm… Yannick se fait draguer par une femme bien plus vieille que lui avec un ventre énorme et même la présence de Céline à ses côtés ne la dérange aucunement. Il faut dire que beaucoup de cubains et cubaines tentent le coup avec les touristes, c’est un moyen comme un autre d’avoir une chance de sortir du pays…

Il est temps pour nous de repartir, nous remontons dans notre voiture en disant au revoir à notre ami Papo et à sa famille, nous nous souviendrons de ces personnes adorables !

=> Album Photos Viñales
=> Album Photos Cayo Jutías

dimanche 6 juin 2010

Les cigares et notre ami Jorge de Pinar del Río

Nous arrivons à Pinar del Río, la ville du tabac par excellence à l’extrême ouest de l’île de Cuba. Nous sommes abordés par un cycliste le sourire aux lèvres, mais nous nous méfions, c’est sûrement un de ces rabatteurs qui essaie de vendre quelque chose ou emmène les touristes dans un resto en échange d’une commission. Après avoir trouvé une casa particular, cette fois légale mais nettement plus chère, nous reprenons la voiture pour aller visiter une plantation de tabac. Nous recroisons ce fameux cycliste ma fois bien insistant. Il nous indique gentiment la route de sortie et nous propose de nous accompagner à la plantation de tabac, car il n’y a aucun panneau. Il a l’air sympa, allez on le prend avec nous. Il s’appelle Jorge, il est âgé d’une quarantaine d’années et il nous raconte que son plus beau rêve est d’aller en France, il adore ce pays. C’est un fan de cyclisme et connaît tous les noms des grimpeurs. Il s’entraîne d’ailleurs tous les jours pour avoir la forme, surtout grâce à son travail de taxi-tricycle. C’est un personnage adorable, il a toujours un immense sourire sur le visage, on dirait presque un enfant !

Après une demi-heure de route, nous arrivons à la plantation de tabac. Nous voyons d’immenses champs de cette plante aux grandes feuilles vertes et quelques granges en planche de bois où elles sont séchées pendant des mois. Un bon orage et une pluie chaude nous tombe dessus ce qui rafraîchit tout de même l’atmosphère lourde. On se réfugie à l’intérieur d’une de ces capites où on nous explique les différentes étapes de la fabrication des fameux cigares cubains, les « habanos » ou « puros » comme ils les appellent ici. Nous écoutons docilement, un habano à la bouche. Il faut tout d’abord planter le tabac, qu’on laisse pousser de décembre à mars. Durant cette période, on coupe la plante qu’on laisse repousser une deuxième fois. En mars, la récolte commence, elle va durer 4 semaines. Selon la hauteur des feuilles sur la tige, la qualité du tabac diffère. En bas, le tabac est destiné aux cigarettes, le haut de la plante s’utilise pour les cigares doux et le milieu est la meilleure qualité de tabac. Les feuilles sont triées, classées et disposées sur des branches d’eucalyptus pour les faire sécher pendant deux mois. Les feuilles deviennent souples, douces au toucher, on dirait de la peau de chamois. Avant de rouler un cigare, la veine centrale est enlevée, c’est elle qui contient 99% de la nicotine du tabac. Conclusion : mieux vaut fumer un bon gros cigare cubain, qu’un paquet de clopes ! En n’oubliant pas de recracher la fumée… Et voilà, il n’y a plus qu’à rouler le cigare, 5 minutes, et il est prêt à être fumé !

Le meilleur habano, c’est le Cohiba, cigare créé en 1966 pour Fidel Castro et son entourage. Gaëtan et Yannick ont testé au moins 6 marques différentes et peuvent vous confirmer que le Cohiba Espléndido (d’une longueur impressionnante) est bien le meilleur ! Amélie et Céline crapoteront quelques bouffées de cigare, mais en resteront finalement au rhum… Durant la visite de la plantation, nous apprenons aussi à reconnaître les vrais cigares des faux, le bruit caractéristique au toucher, les feuilles à l’intérieur de tombent pas quand on le roule entre les doigts, l’odeur du tabac est douce et suave, quand on souffle dedans, la feuille extérieur se gonfle sans que l’air ne s’échappe, etc. Et puis après, le meilleur moyen de s’assurer quels cigares sont les vrais des faux, c’est en consommer ! Gaëtan et Yannick se feront un plaisir de pratiquer cet art tout au long du voyage.

Nous retournons sur Pinar del Río avec notre ami Jorge. Il reprend son vélo et part nous chercher un petit cadeau chez lui. Nous l’attendons intrigués et il réapparaît, toujours grand sourire avec un drapeau de la Suisse ! En plein cœur de Cuba, nous sommes en compagnie d’un cycliste cubain avec le drapeau suisse, cela mérite une photo. Il est merveilleux ce Jorge !

Le soir venu, nous mangeons dans la casa particular et nous faisons la connaissance d’un cubain qui parle français pour avoir vécu en France quelque temps. De fil en aiguille, nous lui proposons quelques appareils électroniques que les poulets on ramené de Suisse, mais ce qui l’intéresse, ce sont les fringues. Il faut dire que beaucoup de cubains sont habillés à la pointe de la mode. Des vêtements de marque, des lunettes Dolce & Gabana, des petites baskets Puma et aussi beaucoup de bijoux « bling-bling » on n’a jamais vu autant de marques, les gens sont presque mieux habillés que chez nous ! Ce qui est sûr, c’est qu’on a l’air de clodos à côté d’eux, ben oui, on se la joue profil bas en voyage ! Mais comment peuvent-ils se payer autant d’habits griffés ? Et bien pour l’essentiel, c’est de l’argent qui vient des ressortissants cubains travaillant aux Etats-Unis. Ils envoient de l’argent aux cubains restés au pays qui en profitent pour s’acheter tous ces accessoires de mode. Et puis il y a le tourisme, une source très très importante d’argent, tout le monde ou presque essaie d’en tirer parti. Car avec leurs 500 pesos cubains (20CHF) par mois de salaire, ils ne vont pas très loin. D’autant plus que tous ces habits s’achètent en CUC, la monnaie des touristes, qui faut 25 fois plus que le peso cubain. Un système bien compliqué à comprendre dont on va vous reparler.

Bref, nous discutons toujours avec ce cubain et nous lui disons que nous sommes intéressés à acheter des cigares, les fameux Cohiba Espléndidos. Pendant au moins 3h, Yannick et Gaëtan discutent avec lui et après une négociation très serrée et une bouteille de rhum, le marché est passé. Nous lui achetons 8 boîtes de cigares pour 21 CUC par boîte (25CHF tout en sachant que ces boîtes se vendent dans les 1000CHF chez nous…). Un prix qui frôle celui payé par les cubains ! Il nous en apporte déjà 4, les autres suivront demain. Pendant cette longue négociation, les filles se sont déjà endormies en habits de sortie, car il était prévu d’aller boire un verre dehors, mais la négociation s’éternisant, elles n’ont pas tenu la distance ! Le lendemain, le cubain revient un peu dégoûté. Il vient de vendre les 4 autres boîtes à des touristes pour 50CUC chacune, il nous demande si on veut pas par hasard lui rendre les 4 boîtes qu’il nous a filées hier, car finalement il s’est quasiment pas fait de marge dessus. Et bien non ! Désolé mon pote, mais pour une fois qu’on se fait pas entuber sur le prix, on va pas refiler une si bonne affaire ! ;-)

Avant de partir de Pinar del Río, notre ami Jorge nous rend une dernière visite. Il arbore avec fierté sa casquette blanche à poix rouges, celle du meilleur grimpeur du Tour de France. Il nous offre généreusement une bouteille de guayabita, de l’alcool d’un fruit portant le même nom et qui ne pousse que dans cette région. Gaëtan lui offre des vêtements et nous nous promettons de nous écrire et de nous revoir un jour. Nous espérons très très fort qu’il pourra réaliser son rêve et venir habiter en France. Ce qui n’est pas chose facile pour un cubain, car ils n’ont pas de passeport et ne peuvent sortir du territoire que s’ils reçoivent une invitation d’un autre cubain résidant à l’étranger, ou s’ils sont musiciens professionnels et partent en tournée par exemple. Et puis de toute manière, le prix du voyage est démesuré par rapport au pouvoir d’achat du cubain.

Enfin, Jorge nous propose gentiment de nous guider jusqu’à la sortie de la ville avec son vélo. Il va tellement vite qu’on a de la peine à le suivre en voiture, il pédale facilement à 50 km/h sans montrer aucun signe de fatigue et slalome entre les camions, voitures, charrettes et autres vélos. Il faut dire qu’avec les mollets qu’il a, on comprend mieux son endurance ! Nous lui disons au revoir et le quittons, lui se remet en selle toujours avec le sourire aux lèvres.

=> Album Photos Pinar del Río