Nous partons de Viñales avec une grande route devant nous. Nous remontons jusqu’à la Havane pour ensuite redescendre sur la côte sud de l’île, au compteur, près de 500km. Notre objectif est la Bahía de Cochinos, la baie des cochons, connue pour un triste fait historique, mais aussi pour un immense mur de corail qu’il est possible d’admirer en plongée ou snorkeling.
Sur la route, peu de possibilités de se restaurer. On est loin du Mexique où les marchands ambulants et les restos jalonnent la route. Et on n’avance pas si vite que ça, surtout qu’on se trompe plusieurs fois de route en arrivant près de la Havane. Il faut dire que les panneaux de signalisation ne sont pas légion, Yannick a beau posséder trois copilotes, ce n’est pas suffisant apparemment ! Après 2h de route autour de la Havane, on retrouve finalement la bonne autoroute qui nous emmène dans l’est de l’île.
Nous arrivons à l’entrée de la baie des cochons en fin d’après-midi et nous nous renseignons sur les possibilités de balade dans le parc naturel Ciénaga de Zapata, un immense marécage qui abrite de nombreuses espèces d’oiseaux. L’homme affable nous répond qu’aucune excursion en bateau n’est possible, il faut y aller avec sa propre voiture et on s’arrête à quelques points d’observation, bien sûr en utilisant les services d’un guide et c’est pas donné. Bof, on n’est pas très emballé, ni par l’amabilité du gars, ni par la perspective d’une balade en voiture et encore moins par le prix. On se décide à se rendre à la casa particular que notre ami Papo de Viñales nous a recommandé, à Playa Larga. Nous apercevons la mer, mais rien à voir avec l’idée qu’on s’en faisait. C’est plutôt rocailleux et pas si turquoise que ça. La dame de la casa particular n’a plus de place pour nous et informe Yannick que la visite du parc naturel ne vaut pas le coup à cette saison, car tous les oiseaux migrateurs sont partis. Tiens tiens, on s’est bien gardé de nous le dire ça ! On a donc meilleur temps de faire encore 35km de plus pour rejoindre Playa Girón, la dame nous réserve deux chambres chez une connaissance. Elle prévient Yannick que pour faire ces 35km, il nous faudra bien une heure, car nous allons vivre une expérience assez hors du commun… Yannick se garde bien de nous dire laquelle et nous partons gaiement sur la route qui longe la côte de la baie des cochons.
Au bout de 10 minutes, nous apercevons de petites créatures qui traversent la route, oh mais c’est pas vrai, des crabes !!! Cela commence par des centaines et bientôt des milliers qui traversent la chaussée, impossible de les éviter et ils sont super gros ! Nous roulons à 30 km/h et en écrasons des centaines. Ca fait un bruit d’enfer, c’est horrible, on met la musique à fond, on crie à tue-tête, on essaie tant bien que mal de parler d’autres choses, mais on n’y arrive pas, on est dégoûté. Yannick qui conduit en a presque des gouttes de sueur qui lui coulent sur le front, c’est vraiment terrible cette expérience (vidéo) ! Mais qu’est-ce que ces crabes font ici ? Normalement ils habitent dans les forêts retirées de la côte et creusent des trous dans le sol pour y élire domicile. Mais chaque année, ils entreprennent un long voyage jusqu’à la mer pour copuler. Et c’est par millions qu’ils accomplissent cette migration ! Bien sûr, cela fait des millénaires qu’ils sont là, bien avant qu’une route longeant le littoral soit construite. Et maintenant, ils se font écraser par milliers par les voitures… Toutefois, il semble que la population soit toujours aussi importante.
Bref, après trois quart d’heure à ce régime, nous arrivons enfin à Playa Girón où nous avons une casa particular réservée. Là encore, il y a des crabes qui cernent la maison, on n’en mène pas large, surtout Amélie qui ose à peine sortir de la voiture ! Et nous qui voulions rester plusieurs jours ici pour profiter de la plage… Seule une chambre est disponible pour Amélie et Gaëtan dans la maison, nous deux devons nous rendre dans une autre un peu plus loin. Nous essayons tant bien que mal de négocier le prix, pas facile, c’est super cher ici. Et quand nous disons que nous ne voulons que le plat du soir et pas le déjeuner, on sent bien que ça les ennuie. Mais voilà, nous ne mangeons pas beaucoup le matin et surtout des fruits, donc on ne prend jamais le petit-déj. Et puis c’est un coût non négligeable qu’on économise. Nous laissons les poulets s’installer et on va voir notre autre maison. Une demi heure après, la dame de la maison nous informe qu’Amélie et Gaëtan doivent déménager, car d’autres personnes arrivent dans leur casa ! On va les chercher en voiture et là on s’énerve avec les proprios, car en fait, deux autres touristes ont débarqué, qui eux paient le prix plein, prennent petit-déj et souper, par conséquent, c’est beaucoup plus intéressant financièrement. En gros, on jette les poulets et on nous dit que c’est mieux ainsi, car ils pourront résider dans la maison voisine de la nôtre. Yannick est remonté à bloc et le fait bien comprendre aux gens. Non mais franchement, quelle manière de traiter les gens ! Sympa de voir des gens intéressés qu’au fric.
Finalement, on mange super tard avec toutes ces histoires, mais la cuisine est très bonne et on va enfin se reposer après tant de route et surtout autant d’émotions ! Le lendemain, après quelques rêves habités par des crabes, nous décidons de ne pas rester, franchement, c’est vraiment pas agréable ces crabes qui traînent partout. On en retrouve dans l’air conditionné des chambres, en fait ils grimpent partout, c’est terrible ! On se voit mal profiter de la plage, y en a partout ! Avant de partir, nous allons quand même jeter un œil à une petite plage de sable blanc où il n’y a miraculeusement pas de crabes. Mais ce ne sont de toute manière pas les plages dont on rêve, donc cap sur notre prochaine destination : la ville de Trinidad.
La minute culturelle
La baie des cochons que nous avons visitée en éclair a été le siège d’un événement historique terrible. En 1961, une invasion contre le régime castriste préparée par la CIA et entièrement menée par des cubains a été organisée. Mais Fidel Castro, dont les services secrets sont très efficaces, a été informé de cette opération et a réagi en conséquence. Ainsi, plus de 1000 cubains débarquèrent sur la playa Girón et ce fut un vrai carnage. Cet événement a bien sûr permis de démontrer la domination du régime de Castro et fut une humiliation terrible pour les Américains. L’histoire ne dit pas si les crabes ont eu un quelconque rôle à jouer dans la défaite...
=> Album Photos Playa Girón
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Il y a 10 ans
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