Notre première halte au Pérou se nomme Arequipa, une superbe ville posée à 2335m d’altitude et entourée de trois volcans dans les 6000m ! Cette ville fut très prospère dès sa fondation, au XVIe siècle, où elle fut la plateforme commerciale de l’argent extrait des mines de Potosi en Bolivie, puis grâce au négoce de la laine d’alpaga exporté en Europe. Cette prospérité est sensiblement visible dans l’architecture de la ville, notamment avec le « sillar », la pierre volcanique blanche utilisée dans la construction des monuments, églises et casonas (vastes demeures du XIIe et XIIIe siecles) au style andalou. Nous ne sommes pas très étonnés d’apprendre qu’elle fait partie du patrimoine mondial de l’Unesco !
Nous flânons dans les ruelles et rendons une petite visite à « Juanita », la « princesse des glaces », une fillette de 12 ans retrouvée congelée dans le cratère du volcan Ampato. Il y a environ 550 ans, Juanita a été sacrifiée au dieu de la montagne Apu par son peuple les Incas. Avant sa mort, on lui a administré des feuilles de coca et de la chicha (de l’alcool de maïs) et un coup fatal sur le crâne l’emmène définitivement vers l’au-delà. Son corps libéré des glaces du volcan est dans un état de conservation impeccable, les tissus sont quasiment intacts et les offrandes l’accompagnant (poteries, statuettes) sont magnifiques. Malheureusement, interdit de prendre des photos, nous ne pouvons donc que vous dire qu’elle n’a plus très bonne mine la Juanita ! ;-) On a quand même cherché quelques photos sur Internet rien que pour vous.
Autre grosse attraction de la région d’Arequipa, c’est le Canyon de Colca. Avec ses 1200m de profond sur un versant et 3000m sur l’autre, il est paraît-il l’un des plus grands du monde. Toute la vallée est cultivée en terrasse ce qui donne à l’ensemble un relief étonnant et de toute beauté. Nous testons pour vous le voyage organisé : 3 jours de rando avec un guide, que nous entreprenons avec Diane et Victor, un couple de français très sympa rencontré à dans notre hospedaje. Départ donc à 3h30 du mat (dur dur), avec pour premier stop, la Cruz del Condor… C’est l’angoisse, c’est bourré de touristes ! Il y en a tellement, qu’on se demande qui observe qui, entre les touristes et les condors…
La descente dans le canyon est assez rude, 2h30 non-stop de sentier pierreux et sablonneux, les genoux tremblent, mais la vue est magnifique ! Le versant opposé est très fertile grâce à une irrigation efficace de champs en terrasse, alors que celui que nous dévalons est tout sec. A peine atteint le fond de la vallée, que nous devons remonter jusqu’au petit village de Cosñirhua encore à 1h30, où nous passons la nuit dans un hostal familial. Un bon repas bien copieux avec une bonne souplette et hop, 21h15 extinction des feux, nous nous endormons en 2 secondes !
Le lendemain, nous reprenons la route en traversant les deux petits villages de Cosñirhua et Malata. Nous croisons une petite vieille dame qui porte une quinzaine de kilos de maïs séché sur le dos destinés à son âne. Elle essaie de nous parler espagnol, mais en fait c’est plutôt un mélange de quechua et d’espagnol, heureusement que Luis notre guide nous traduit, car on ne comprend rien ! Il lui demande son âge et elle répond qu’elle a perdu le compte (« yo perdi la cuenta »). Selon les calculs de Luis, dont la famille habite le canyon, elle doit avoir dans les 77 ans, et elle se porte comme un charme ! D’ailleurs, la marche que nous effectuons, elle la fait quotidiennement… Nous lui demandons si nous pouvons prendre une photo et en retour, elle nous demande un « caramelo » (et non de l’argent comme souvent au Pérou). Comme nous ne possédons pas cet article en stock, on lui donne une barre de céréales qui dessine sur son visage un beau sourire… sans dent, on se demande comment elle va manger cette barre de céréales !
Après les villages, nouvelle descente bien sympathique pour les genoux (Céline serre les dents) pour nous rendre dans un oasis au fond du canyon où nous pouvons profiter d’une jolie piscine bien agréable par cette chaleur. Le plaisir sera de courte durée, car le chemin pour remonter en haut du canyon est un sentier super raide et nous voici partis pour 2h30 de transpiration. Le chemin n’est pas très intéressant et le but ne semble jamais se rapprocher, ce qui est assez dur pour les nerfs ! Nous arrivons à Cabanaconde juste à temps avant la nuit, ouf ! Le soir, un festival de danse traditionnel a lieu au village, mais une coupure de courant nous empêchera de bien distinguer ces danses… Le dernier jour, nous allons admirer une dernière fois le canyon depuis un mirador avant de reprendre le bus organisé pour repartir sur Arequipa. Nous sautons la visite des thermes bien trop courte à notre goût pour le prix demandé… Et au lieu du buffet proposé par l’agence dans le village de Chivay, nous préférons aller manger dans un petit restaurant, 5 fois moins cher et visiter le marché ! L’occasion aussi d'apprendre que le dahu existe aussi au Pérou et de voir un bébé alpaga de près… Une sacrée touffe de poils !
Résultat de notre test du voyage organisé ? Mitigé ! Les plus : les explications de notre guide Luis (quoi que Victor, agriculteur de son état, se débrouille plutôt bien dans notre apprentissage de la flore locale !), son aide pour traduire les propos des villageois qui parlaient quechua, pas de perte de temps dans l’organisation et prix intéressant. Les moins : tout est minuté et on ne peut pas flâner dans les rues comme on le fait d’habitude (le meilleur moyen de sentir un endroit), pas de flexibilité et franchement, le mirador des condors, c’est vraiment horrible !
Le refera-t-on ? Euh, si on peut faire autrement, on n’hésitera pas ! ;-)
La minute culturelle
Les habitants de la région se divisent en deux ethnies avec des traditions bien différentes. A l’époque, ils déformaient la tête des enfants avec des planches de bois, une ethnie formant des crânes allongés et l’autre en les aplatissant. Bien sûr, ces pratiques ont été réprimées par les espagnols et maintenant, les différences se traduisent dans les vêtements traditionnels et les chapeaux. En ce qui concerne les habitants du canyon, ils vivent éloignés du monde économique, puisqu’aucune route ne mène à ces villages. Et c’est tant mieux pour eux, grâce à une nourriture saine et une activité physique permanente, ils vivent centenaires, quelques personnes ont même jusqu’à 115 ans ! Les enfants du village de Cosñirhua, une fois atteint l’âge de l’école secondaire, doivent monter jusqu’à Cabanaconde à pied tous les jours… (descente de 400m de dénivelé jusqu’au fond du canyon, pour remonter de l’autre côté sur 1200m). Ce qui revient à exactement la même route que nous faisons le deuxième jour de notre excursion. Mais au lieu des 4h de marche que nous effectuons, ils ne mettent que 2h… Cette vie paisible à l’écart des soucis de nos sociétés pourrait être menacée, car une route est en projet et devrait voir le jour dans quelques années…
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Il y a 10 ans
1 commentaire:
Céline, nous t'avons reconnu en princesse des glaces... tu devrais mettre d'avantage de crèmes solaires...
Le coup du voyage organisé, on reconnait bien ton style yannick... mais bon avec l'âge c'est normal...
plein de bisous les croutons
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