Nous aimerions par la présente vous manifester toute notre reconnaissance pour nous avoir permis de vivre une expérience formidable tant au niveau humain que sportive. Votre gouvernement a récemment pris des décisions importantes sur plusieurs thèmes qui ont quelque peu chahuté la population de votre cher pays. Il s'agit entre autres :
- de la privatisation des ressources hydrauliques
- de la création de concessions minières et pétrolières à destination d'entreprises étrangères, notamment en Amazonie
- du manque de volonté politique d'aide à l'agriculture
Après 8h de bus, nous sommes arrivés à environ 10km de Sicuani, en plein milieu de la nuit (première surprise, nous devions arriver plus près de la ville...). Impossible de continuer, des monceaux de pierres jalonnaient la route. A 3h du matin, nous avons donc tous chargé notre paquetage et départ pour une "petite" marche revigorante par zéro degré, en pleine nuit, en longeant une file de plusieurs kilomètres de camions bloqués au bord de la route.
Nous avons passé les premiers barrages sans encombre (les hommes étaient ivres au coin du feu) et après 1h30 de marche, nous sommes enfin arrivés à Sicuani. Nous ne devions que traverser cette ville-fantôme isolée par les blocus, pour continuer comme prévu notre route avec un autre bus. Heureusement pour nous, nous avons réussi à nous entasser à dix avec tous nos bagages dans une petite camionnette pour traverser la ville. Les jambes encore endolories de la position inconfortable, nous avons repris la route.
Le soleil commençait à poindre le bout de son nez lorsque nous avons appris que la route serait bien plus longue que quelques kilomètres, on nous en a annoncé encore 20 (la deuxième bonne surprise)!!! Peu rassurés, nous avons ainsi marché des heures durant, sans voir la fin du voyage. Plus nous avancions, plus il restait de kilomètres à effectuer (bien plus de 20km en réalité...). Avec nos 30kg sur le dos, nos épaules souffraient, mais nous n'étions de loin pas les seuls, des centaines de gens étaient dans la même galère, nous marchions tous en ne sachant pas quand le calvaire allait s'arrêter, une vraie procession de pèlerins!
Grâce à différents moyens de transports "écolo" (vélo, tricycle, moto-taxi...), nous avons pu soulager notre dos et avancer un peu plus vite qu'à pied. Mais jamais très longtemps, car les blocus routiers bien répartis sur toute la route, ne laissaient pas passer ces aides bien utiles et si ces dernières le tentaient quand même, elles se faisaient jeter des pierres. Eh oui, il ne faut pas faire d'argent sur le dos des manifestants!
Nous avons aussi rencontré de sympathiques personnes comme ces femmes qui travaillaient aux champs et qui nous ont offert du "moté", une sorte de maïs cuit à la vapeur, un vrai délice! Après des heures de marche, nous n'écoutions plus les prévisions des gens qui partaient dans tous les sens et nous avancions comme des robots. Tellement comme des robots, que Yannick s'est tordu la cheville sur une des nombreuses pierres couvrant la route. Et le voilà transporté sur un tricycle avec le reste des bagages (la troisième bonne surprise). Avec une équatorienne, nous avons passé un des blocages sur un pont avec le tricycle en main et nous avons bien failli ne jamais le passer, les hommes étant furieux de nous voir utiliser un moyen de locomotion autre que nos pieds!
A 16h, au bout du rouleau, nous avons enfin trouvé un camion de blé qui a bien voulu nous pousser jusqu'au prochain village où des voitures étaient disponibles. Nous avons dû nous cacher pour nous éviter de nous faire tirer des cailloux dessus par les manifestants, quelle aventure! Heureusement, nous avons enfin pu prendre un taxi pour arriver sains et saufs sur Cusco (après avoir crevé un pneu quand même, la dernière bonne surprise), à 19h, exactement 24h après notre départ d'Arequipa! Au total, 13h de marche et pas moins de 50km...
Voici donc le récit de cette fabuleuse aventure humaine et physique que, Monsieur Le Président, vous avez rendu possible. Nous espérons que vous continuerez à ne pas répondre aux manifestations de votre peuple afin que des milliers de personnes, touristes et locaux, puissent vivre la même expérience enrichissante que nous.
Nous vous tirons notre chapeau bas, Monsieur Le Président, et vous souhaitons plein succès dans la suite de votre mandat.
Amitiés
Dos mochileros suizos
5 commentaires:
sympa ce petit voyage... nous regrettons de ne pas l avoir partage avec vous !
on peut vous envoyer des patins a roulettes pour le machu picchu (avec cordes et mousqueton biensur)
on vous embrasse de marseille ou nous continuons le voyage avec peinture, carreaux, tapisserie chez les parents de caro ! pas le temps de penser et c est pas plus mal
a + les poulets
caroetju
caroetju
Et bien nous on est bien content de vous avoir abandonne pour tester le passage depuis Puno!
On s'en va ce soir pour Sucre apres etre reste plus longtemps que prevu aux alentours de La Paz ou mon cher Oxner a pu s'empiffrer deliceux petits pains...
Vous en etes ou dans votre periple?
Bisoux
Diane et Victor
Lettre à l'Ambassade de Suisse du Pérou.
J'ai bien pris note de vos remarques et vous en remercie de m'en avoir fait part.
Je débloque de suite la situation et entreprends des négociations avec les syndicats afin de ne pas vous bloquer dans votre voyage.
Amicalement,
Alan Garcia
Président de la République du Pérou
Moi aussi par mon pouvoir suprême international, je vais faire tout mon possible pour régulariser la situation
Nicolas Sarkosy
Vous vous seriez ennuyé sans ces péripéties! bisous (pense bien à vous)Estelle
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