Bienvenue !

Ce blog vous fait partager nos aventures en Amérique latine. Elles ont débuté le 17 septembre 2008 et se sont terminées le 3 mai 2010. 20 mois de découvertes, d'anecdotes, de rencontres inédites, QUE DU BONHEUR !!!

Bonne lecture et profitez de la vie !

Céline & Yannick

jeudi 23 juillet 2009

Huancayo, le Pérou plus authentique !

Bon, le train le plus haut du monde, c’est râpé pour nous (merci aux grèves nationales), nous allons donc à Huancayo en bus. Première étape, Cusco-Lima qui nous prend quand même 20h de bus sans clim… Ce n’est pas le bus qui n’en possède pas, c’est que ça doit trop consommer, on doit donc supporter une chaleur étouffante ! Nous arrivons à Lima vers 13h, mais devons attendre 23h45 pour reprendre un bus pour Huancayo. Nous passons donc le reste de la journée à déambuler dans la zone industrielle de Lima, l’occasion de rendre une petite visite au Hornbach péruvien (si si, c’est exactement le même concept qu’en Suisse, Saverio !), au Burger King et au méga-supermarchés, on se croirait en Europe pour un peu !

Le lendemain matin à 7h, nous arrivons enfin à Huancayo, après pas moins de 38 heures de voyage, nous sommes lessivés ! Une petite sieste et nous repartons à l’assaut de l’énorme marché qui a lieu tous les dimanches sur une dizaine de « cuadras » (pâtés de maisons). C’est l’un des plus grands marchés de tout le Pérou, on y trouve de tout, des habits, des casseroles, des fruits, de l’artisanat, des plats régionaux, des jouets, des chaussures,…

Durant nos quelques jours à Huancayo, nous découvrons une ville bien différente de celles que nous avons visitées jusque-là. Le klaxon y règne en maître, le chaos est omniprésent surtout dans l’organisation (inexistante) des bus, les rues commerçantes sont sales à souhait, des échoppes vendent des feuilles de coca qui débordent d’énormes sacs, et surtout, pas un seul touriste à l’horizon, enfin un vrai dépaysement ! Nous prenons notre petit-déjeuner au marché couvert, assis sur des chaises hautes devant un petit stand, et on discute avec les locaux ou on regarde la vieille télé pourrie. Un petit café, un bon jus de fruit frais pressé, rien de mieux pour bien commencer la journée !

Comme nous n’avons pas pu tester le train le plus haut du monde entre Lima et Huancayo (il paraît qu’il passe à près de 5000m et qu’il parcourt des paysages magnifiques, mais seulement une à deux fois par mois…), nous allons nous renseigner pour faire un autre tronçon entre Huancayo et Huancavelica, quelques 5h de trajet dans un paysage tout aussi splendide. Comble de malchance, la ligne de chemin de fer est en rénovation depuis janvier et ne rouvrira qu’en octobre. Décidément, le train au Pérou ne nous veut pas ! Nous décidons donc d’écourter notre visite dans cette région et de repartir rapidement sur Lima.

Mais avant de repartir, nous allons visiter deux villages connus pour leur artisanat : Hualhuas spécialisé dans le tissage de la laine d’alpaga et Cochas Chico qui s’adonne à la gravure de calebasses (mates burilados). Nous avons même l’occasion de tester le filage et le tissage de la laine d’alpaga (pas si facile) et d’assister au travail des artisans. Nous sommes particulièrement impressionnés par la gravure des calebasses qui peut prendre des semaines pour les pièces les plus grandes et les plus fines. En résumé, entre le marché du dimanche et la visite de ces deux villages, nous nous retrouvons avec une collection de pièces d’artisanat, qu’il nous faut renvoyer en Suisse pour soulager notre dos. Autant dire que notre portemonnaie est également bien soulagé, merci la poste péruvienne !



La minute culturelle
La région centrale du Pérou a été la cible d’affrontements sanglants dans les années 80’ lorsque le Sentier Lumineux, un groupe de terroristes communistes, a vu le jour dans la ville d’Ayacucho à 420km de Huancayo. Pendant 12 ans, ils ont mis à feu et à sang cette région qui est une des plus pauvres du Pérou, alors que le pays était aux prises avec une inflation et un chômage grandissants. Le gouvernement de l’époque a violemment répondu à ce soulèvement avec l’intervention de l’armée et au final, entre 40'000 et 60'000 personnes sont mortes ou ont disparus pendant cette période. Heureusement pour nous, le Sentier Lumineux a été depuis longtemps démantelé et la région est maintenant sécurisée.

lundi 20 juillet 2009

On a retrouvé les mystérieuses cités d'or! Le Machu Picchu, c'est beau, mais c'est cher !

On en a tous entendu tellement parler, il nous a fait rêver, on l’a vu des dizaines de fois en photo, nous y voilà enfin ! Mais attention, pour le mériter, il faut suer un peu. Récit d’un « périple-budget ».

Première difficulté du Machu Picchu, s’y rendre. Seuls deux moyens officiels existent : le Camino del Inca, le trekking le plus célèbre qui en 4 jours permet de relier la cité perdue. Mais à 350 USD, ce n’est pas tellement dans notre budget. Si l’on ne veut pas marcher, l’autre option est de prendre le train de PeruRail (une entreprise britannique…) qui charge 96$ aller-retour pour 4h de trajet depuis Cusco, un peu cher pour nous également.

Nous choisirons donc la troisième option, non-officielle celle-ci, qui nous prendra une journée entière et qui nous demandera un détour énorme pour atteindre notre destination finale, le village d’Aguas Calientes au pied de la cité inca. Départ donc à 7h du matin de Cusco avec un bus local, direction Santa Maria. 6h plus tard, un col a plus de 5000m et des centaines de virages avalés, nous arrivons enfin à Santa Maria où nous trouvons rapidement un mini-van qui nous emmène jusqu’à une station hydroélectrique. 1h30 sur une route toute défoncée à flanc de falaise, on a mal aux fesses ! Arrivés à « hydroélectrique », un train de PeruRail attend quelques passagers, mais son prix de 8$ ne nous convient toujours pas. Nous nous mettons donc en route pour parcourir à pied ces quelques 10km sur la voie ferrée, 2h30 de pur bonheur ! Malgré le chemin cahoteux, nous apprécions de retrouver le climat humide de la forêt tropicale (vidéo). Après avoir passé tant de temps dans un climat sec, notre peau nous remercie de cette humidité retrouvée ! A 18h nous arrivons enfin à Aguas Calientes en n’ayant payé que 25 soles par personnes (10 CHF), quand même nettement plus avantageux que le parcours officiel !

Le lendemain, pas le temps de se reposer, à 4h30 du matin, nous sommes déjà en train de faire la file pour prendre le premier bus pour monter au site. Des centaines de gens font comme nous, le but étant d’arriver très tôt pour s’inscrire à l’ascension du Wayna Pichu, une montagne surplombant le Machu Picchu et qui permet une vue d’ensemble du site. Seules 400 personnes par jour peuvent y monter, il ne faut donc pas perdre une minute ! Cette course avec les autres touristes nous horripile, mais il faut bien y passer si on veut profiter de cette vue. 45 minutes de montée à pic avec des marches de 50 a 60cm parfois, nous permet de prendre notre petit-déj à 7h30 du matin avec une vue plongeante sur la fameuse cité inca, juste superbe, nous ne regrettons pas cette course et de s’être levé si tôt !



Le reste de la journée, nous flânons dans les entrailles du Machu Picchu, à nous émerveiller sur chaque pierre, sur chaque empilement de roches, sur chaque édifice. On pourrait y passer des jours, on fait même une vidéo rien que pour vous ! Mais en fait, qui sont vraiment les incas, ces fous qui ont eu l’idée de percher une cité aussi immense que le Machu Picchu à 2900m d’altitude au milieu de la jungle ?

La civilisation inca est apparue dans les années 1200 après J-C, mais c’est seulement avec l’accession au pouvoir de l’empereur Pachacutec (« celui qui transforme le monde ») en 1438, que l’empire s’est progressivement étendu de la Colombie au centre du Chili, soumettant les cultures pré-inca de ces régions au culte du soleil. Durant son règne qui dura jusqu’en 1471, Pachacutec ordonna la construction de temples comme Saqsaywaman à Cusco ou la cité du Machu Picchu. Lorsque les espagnols débarquèrent au Pérou en 1528 avec à leur tête Francisco Pizarro, ils eurent à cœur de détruire toute trace de la civilisation inca sans oublier de se remplir les poches des trésors d‘or et d’argent qu’elle possédait. 1532 marque la chute de l’empire inca avec l’assassinat du dernier empereur. Durant toute la domination espagnole, la cité du Machu Picchu est restée à l’abri des assaillants et ce n’est qu’en 1911 qu’un historien américain du nom de Hiram Bingham la redécouvre.


Autant dire que de nos jours, le Machu Picchu n’a plus rien d’une cité perdue et le commerce autour de ce site est gigantesque. Savez-vous que l’entrée est de 124 soles (près de 50 CHF) et que pour ce prix-là, il faut encore payer pour les toilettes ?! Bon, c’est 1 sol (0.40 CHF), mais quand même… Et comme le site est en haut d’une montagne, soit on s’y rend à pied (1h30 de marche abrupte) ou on prend un bus qui coûte 45 soles aller-retour (18 CHF). Si on fait le calcul du coût total de cette visite en utilisant le train, le bus et en payant l’entrée, cela revient à 190 CHF !!! En sachant qu’en haute saison (mai à septembre) il y a près de 2500 visiteurs par jour, faites le calcul, on arrive à 475'000 CHF brassés chaque jour. La réalité est un peu en-dessous de cette moyenne, puisqu’il y a des margoulins comme nous qui ne suivent pas la voie officielle, des étudiants qui paient aussi moins cher et quelques péruviens aussi, mais c’est pour donner une idée. Et le plus insensé dans cette histoire, c’est que les trois entreprises gérant le train, le bus et le site inca ne sont pas du tout péruviennes, mais britanniques. Les locaux ne voient bien évidemment pas un soupçon de l’argent dépensé par le touriste. (voir photo du dessin sur la redistribution du commerce du tourisme !)

La tête remplie de belles images et de gros chiffres, nous repartons le lendemain d’Aguas Calientes par notre chère voie de chemin de fer préférée. Arrivés à la station hydroélectrique vers midi, nous devons attendre l’arrivée du train avec tous ses passagers pour prendre un combi jusqu’à Santa Maria. Or nous tombons sur un type qui conduit un bus d’agence et qui nous propose des places libres jusqu’à Cusco pour à peine 5 soles de plus que le prix que nous allons payer avec plusieurs moyens de transport différents. La solution est bien tentante, nous attendons donc pendant 2h que tout le monde débarque, les bus se remplissent et partent les uns après les autres, jusqu’à ce que le nôtre soit le dernier à rester. C’est à ce moment que notre homme nous dit que finalement, il n’a plus de place et qu’il nous plante littéralement sur place. Nous sommes les seuls à rester là, tout le monde est parti ! Ah ben merci monsieur ! Céline l’insulte poliment (« Usted es una persona muy mala », vous êtes une très mauvaise personne) en se jurant d'apprendre d'autres insultes plus percutantes en espagnol, et Yannick se retient de lui balancer des pierres.

Deux photos résument assez bien cette situation :
Avant... et après


La rage au ventre, nous attendons patiemment encore 1h30 qu’un bus rejoigne le lieu et veuille bien nous emmener jusqu’à Santa Teresa, d’où nous prenons un taxi jusqu’à Santa Maria. Une fois là-bas, nous arrivons à dégoter un van qui ramène des VTT à Cusco et accessoirement un brésilien blessé après une chute de vélo. C’est donc plus rapide que le bus collectif, mais le chauffeur nous hérisse les poils avec sa conduite peu assurée. Nous arrivons finalement à Cusco sains et saufs à 22h…

Sympa le Machu Picchu, mais faut donner un peu de sa personne quand même ! ;-)

dimanche 19 juillet 2009

En direct de Cusco avec Esteban, Zia et Tao...

A peine le temps de se remettre de notre “petite” marche forcée que nous nous lançons dans la célèbre fête de l’Inti Raymi, le lendemain de notre arrivée à Cusco. La tradition de la fête du soleil que célébraient les incas, et qui avait été un temps interdite par les conquérants espagnols, est perpétuée sur le magnifique site archéologique de Saqsaywaman (petit truc mnémotechnique : « sexy woman »… !), dans les hauteurs de Cusco. Nous découvrons un spectacle haut en couleurs auquel assistent des milliers de péruviens et finalement assez peu de touristes (les blocages routiers ne doivent pas y être étrangers…). Une petite vidéo vous permettra de vous rendre compte de l'ambiance, héhé ! Nous en profitons pour émoustiller nos papilles en goûtant aux petites friandises locales, comme des popcorns géants, des têtes de choco (si si !), des chaussons aux pommes et des patates cuites dans un four construit en terre que l’on nous offre gentiment. On se régale !

Après cette sympathique entrée matière, nous partons à la découverte de la ville de Cusco, qui fut la capitale de l’empire inca. Elle garde les traces de ce passé glorieux dans son architecture, nombre d’édifices possédant encore des murs incas sur ses bases et un style espagnol sur le haut, un métissage plus que réussi ! Mais savez-vous que lors de séismes, ce qui arrive assez fréquemment au Pérou, les murs incas n’ont jamais été détruits, alors que les constructions espagnoles ne tiennent pas le coup ?

Nous trouvons une auberge bien sympa dans les hauts du quartier artistique de San Blas aux maisons blanches et aux rues escarpées. Comme Cusco est quand même situé à 3300m d’altitude, on tire la langue à chaque fois qu’on arrive en haut, mais la condition physique s’améliore au fur et à mesure que les jours passent. De notre hospedaje, nous avons une vue magnifique sur la ville. Ajouté à notre chambre qui est superbement meublée, la convivialité du lieu et un petit chaton qui nous fait chaque jour rigoler, nous passons des jours bien paisibles !

A Cusco, nous retrouvons nos deux compatriotes, Céline et Patrice, deux fribourgeois que nous avions rencontrés à San Pedro de Atacama, au Chili. Nous passons une soirée mémorable dans les bars du quartier de San Blas, on se croirait presque en Suisse avec cet accent ! La solidarité patriotique aidant, grâce à Céline et Patrice, nous visitons tous les sites archéologiques de Cusco et de la vallée sacrée : Tombomachay, Qenko, Tipón, Chinchero, Moray,… En résumé, pour visiter ces sites, il est nécessaire d’acheter un « billet touristique » qui vaut une fortune (130 soles, un peu plus de 50 CHF) et comme nos deux fribourgeois n’ont pas eu le temps de l’exploiter totalement, ils nous l’offrent généreusement, merci beaucoup !!!

Nous sommes véritablement charmés par la découverte de ces vestiges incas. Chaque site a sa propre âme et nous donne un aperçu du mode de vie et du niveau très avancé des connaissances de cette civilisation (entre 1200 et 1536 après J-C). Moray par exemple était une sorte de laboratoire d’agriculture avec des terrasses étagées de manière concentrique où chaque niveau possédait un climat différent. Cela permettait d’expérimenter la production de différentes céréales, légumes ou fruits, qu’ensuite les incas plantaient dans leurs champs.




Le site de Tipón quant à lui était un sanctuaire dédié au culte de l’eau avec un système d’irrigation des terrasses très sophistiqué. Pikillaqta est un site pré-inca (750 après J-C) reconnaissable à ses édifices construits avec un empilement de pierres colmatées avec de la terre, qui au contraire des murs inca, n’ont pas cette structure si parfaite.



Dans un autre registre, nous visitons les salinas de Maras, des salines en terrasses que les incas exploitaient déjà de leur temps. De l’eau salée s’écoule de la montagne et remplit des centaines de piscines qui sèchent au soleil. A la lumière de fin de journée, la vision de ces terrasses blanches sur fond de montagne verdoyante est de toute beauté ! A Chinchero, nous visitons un marché artisanal qui nous émerveille par ses couleurs chatoyantes. Des étoffes multicolores, des sacs, des pulls et écharpes en laine d’alpaga, des calebasses gravées et bien sûr toutes les femmes en habit traditionnel, superbe !

A parallèle à ces découvertes, nous avons aussi l’occasion de revoir nos fidèles compagnons, Fanny et Eric, mais cette fois c’est bien la dernière fois, eux partent vers la Bolivie et nous vers le nord du Pérou. Nous fêtons l’événement autour d’un bon vin chilien (!) et d’un riche menu péruvien. Nous leur souhaitons tout le meilleur pour la suite de leur périple et comptons bien les revoir dans le bocage normand, au pied de la Tour Eiffel ou autour d’une fondue suisse ! Que les vaya bien muchachos !

Un des derniers jours à Cusco, nous assistons à une grève nationale. Tous les transports sont annulés et les magasins de la ville sont fermés… Enfin, ça c’est pour l’apparence, car derrière les grilles, le commerce continue ! Sur la place d’Armes, un mur est placardé d’affiches dénonçant les agissements du gouvernement : les méfaits des industries pétrolière et minière, la censure, la pauvreté du peuple péruvien, la politique hydroélectrique et la corruption du gouvernement. Vive le Pérou ! Nous comprenons totalement la révolte du peuple péruvien, mais cette grève signifie aussi pour nous l’annulation de notre voyage en train prévu pour dans quelques jours de Lima à Huancayo. Nous avons réservé nos billets pour le train le plus haut du monde, mais malheureusement, le jour où nous devons relier la capitale en bus, aucun véhicule ne circule… Décidément, pas facile de voyager au Pérou par ces temps mouvementés !

PS : nous vous donnons plein d’autres informations sur tous ces sites incas que nous avons visités dans l’album photo de Cusco !

samedi 4 juillet 2009

Merci cher gouvernement péruvien

Cher Monsieur Le Président García,

Nous aimerions par la présente vous manifester toute notre reconnaissance pour nous avoir permis de vivre une expérience formidable tant au niveau humain que sportive. Votre gouvernement a récemment pris des décisions importantes sur plusieurs thèmes qui ont quelque peu chahuté la population de votre cher pays. Il s'agit entre autres :
  • de la privatisation des ressources hydrauliques
  • de la création de concessions minières et pétrolières à destination d'entreprises étrangères, notamment en Amazonie
  • du manque de volonté politique d'aide à l'agriculture
Bien sûr, face à ces bouleversements politiques, la population péruvienne n'a pu rester les bras croisés et s'est organisée pour bloquer des régions entières, dont la fameuse route Arequipa-Cusco que nous devions emprunter. Grâce à votre stratégie de dénis du problème et du manque de clarté sur l'évolution des pourparlers, il nous a été très difficile d'évaluer le niveau de blocus routier. Nous sommes donc partis avec une compagnie de bus qui nous a assuré qu'il n'y avait que 30 minutes à marcher pour passer les blocages de la ville de Sicuani et que d'autres colectivos (bus) nous prendraient en charge ensuite. Nous sommes donc partis confiants.

Après 8h de bus, nous sommes arrivés à environ 10km de Sicuani, en plein milieu de la nuit (première surprise, nous devions arriver plus près de la ville...). Impossible de continuer, des monceaux de pierres jalonnaient la route. A 3h du matin, nous avons donc tous chargé notre paquetage et départ pour une "petite" marche revigorante par zéro degré, en pleine nuit, en longeant une file de plusieurs kilomètres de camions bloqués au bord de la route.

Nous avons passé les premiers barrages sans encombre (les hommes étaient ivres au coin du feu) et après 1h30 de marche, nous sommes enfin arrivés à Sicuani. Nous ne devions que traverser cette ville-fantôme isolée par les blocus, pour continuer comme prévu notre route avec un autre bus. Heureusement pour nous, nous avons réussi à nous entasser à dix avec tous nos bagages dans une petite camionnette pour traverser la ville. Les jambes encore endolories de la position inconfortable, nous avons repris la route.

Le soleil commençait à poindre le bout de son nez lorsque nous avons appris que la route serait bien plus longue que quelques kilomètres, on nous en a annoncé encore 20 (la deuxième bonne surprise)!!! Peu rassurés, nous avons ainsi marché des heures durant, sans voir la fin du voyage. Plus nous avancions, plus il restait de kilomètres à effectuer (bien plus de 20km en réalité...). Avec nos 30kg sur le dos, nos épaules souffraient, mais nous n'étions de loin pas les seuls, des centaines de gens étaient dans la même galère, nous marchions tous en ne sachant pas quand le calvaire allait s'arrêter, une vraie procession de pèlerins!



Grâce à différents moyens de transports "écolo" (vélo, tricycle, moto-taxi...), nous avons pu soulager notre dos et avancer un peu plus vite qu'à pied. Mais jamais très longtemps, car les blocus routiers bien répartis sur toute la route, ne laissaient pas passer ces aides bien utiles et si ces dernières le tentaient quand même, elles se faisaient jeter des pierres. Eh oui, il ne faut pas faire d'argent sur le dos des manifestants!

Nous avons aussi rencontré de sympathiques personnes comme ces femmes qui travaillaient aux champs et qui nous ont offert du "moté", une sorte de maïs cuit à la vapeur, un vrai délice! Après des heures de marche, nous n'écoutions plus les prévisions des gens qui partaient dans tous les sens et nous avancions comme des robots. Tellement comme des robots, que Yannick s'est tordu la cheville sur une des nombreuses pierres couvrant la route. Et le voilà transporté sur un tricycle avec le reste des bagages (la troisième bonne surprise). Avec une équatorienne, nous avons passé un des blocages sur un pont avec le tricycle en main et nous avons bien failli ne jamais le passer, les hommes étant furieux de nous voir utiliser un moyen de locomotion autre que nos pieds!



A 16h, au bout du rouleau, nous avons enfin trouvé un camion de blé qui a bien voulu nous pousser jusqu'au prochain village où des voitures étaient disponibles. Nous avons dû nous cacher pour nous éviter de nous faire tirer des cailloux dessus par les manifestants, quelle aventure! Heureusement, nous avons enfin pu prendre un taxi pour arriver sains et saufs sur Cusco (après avoir crevé un pneu quand même, la dernière bonne surprise), à 19h, exactement 24h après notre départ d'Arequipa! Au total, 13h de marche et pas moins de 50km...

Voici donc le récit de cette fabuleuse aventure humaine et physique que, Monsieur Le Président, vous avez rendu possible. Nous espérons que vous continuerez à ne pas répondre aux manifestations de votre peuple afin que des milliers de personnes, touristes et locaux, puissent vivre la même expérience enrichissante que nous.

Nous vous tirons notre chapeau bas, Monsieur Le Président, et vous souhaitons plein succès dans la suite de votre mandat.

Amitiés

Dos mochileros suizos