Notre prochaine destination, la zone caféière avec le petit village de Salento. Saviez-vous que la Colombie est le troisième producteur mondial de café, après le Brésil et le Vietnam ? Comme on adore le café et que ça fait très longtemps qu’on en n’a pas bu de convenable, nous sommes sur-motivés à démontrer si le café colombien est à la hauteur de sa réputation.
On débarque donc à Salento, un petit village bien tranquille avec de super jolies maisons blanches aux portes, fenêtres et balcons colorés. Notre premier objectif : goûter aux spécialités locales. Et en-avant les produits dérivés du café : liqueur, douceur de lait (une sorte de caramel à tartiner, au café, c’est encore meilleur !), biscuits, vin (si si, du vin de café, mais on sait pas trop comment c’est fait, en tout cas c’est pas mal !). Une autre spécialité de la région : la truite, un vrai régal !
Déguster de bons produits traditionnels, c’est sympa, mais après il faut éliminer tout ça ! Nous partons donc pour une petite excursion dans la vallée de Cocora, célèbre pour ses « palmas de cera » (palmiers de cire). Ces palmiers sont les plus grands du monde, ils peuvent atteindre jusqu’à 60m et ont comme particularité de pousser entre 1500 et 3100m. Malheureusement, ils sont menacés d’extinction, car ils ont été les victimes d’un abattage intensif pour leurs propriétés dans la construction, et aucun programme de reforestation n’a été entrepris. On ne voit ainsi que de très grands arbres adultes, mais aucun petit qui assurerait la survie de l’espèce. On vous conseille donc de vous dépêcher d’aller admirer ces magnifiques arbres avant qu’ils disparaissent à tout jamais ou de vous lancer dans un projet de conservation !
La vallée de Cocora est magnifique, c’est un paysage vert qui nous fait un peu penser à notre Suisse, avec des pâturages, des vaches, des moutons, de la forêt, des rivières, seule différence, ces immenses palmiers qui dépassent de la végétation ! Un petit chien blanc se charge de nous guider et nous aide à retrouver notre chemin, il faut dire que les sentiers au milieu de la forêt ne sont pas tous très bien
indiqués et on se retrouve plusieurs fois dans un cul-de-sac ! Le moment fort de la journée, c’est la chute de Céline dans la forêt, on sait pas trop comment elle se débrouille, mais elle s’encouble dans des branches et Yannick la découvre à califourchon sur un tronc d’arbre au bord du sentier ! Eh oui, avec Céline on s’ennuie jamais, il se passe toujours quelque chose... Quand c’est pas une petite bête qui la pique, elle s’arrange pour faire des acrobaties !
Bon, c’est pas tout ça, mais la spécialité de la région, c’est le café et on sait toujours pas comment il se produit. Nous prenons donc
contact avec Pedro, un sympathique colombien qui produit un café 100% organique, dont nous avons eu le nom par Nicolas, le français que nous avions rencontré à Cusco et qui nous a devancés de quelques mois (merci Nico !). Et nous voilà à passer une semaine avec la famille de Pedro dans leur « finca » (une sorte de ferme), à suivre le processus du café et participer au projet plus ample de la réserve naturelle Sacha Mama. Cette dernière consiste à reforester une grande partie des terres de la famille, afin que la nature reprenne ses droits face à l’avancée massive des pâturages qui se fait à coup de brûlage systématique des terres, un des grands problèmes de la région.
Une semaine donc chez Pedro, Marjory, la maman, Juanita et Sara, les deux filles, une famille adorable et le cœur sur la main. Leur maison tout en bois et bambou est magnifique et domine une vallée parcourue par une petite rivière et aux versants verdoyants, avec en arrière plan le sommet enneigé du Santa Isabel qui fait partie du parc national Los Nevados. Un vrai tableau que nous contemplons chaque matin au réveil, depuis notre petite terrasse et un bon café entre les mains, que demander de plus ?
Nous partageons plein de petits moments super sympas :
- Des promenades dans la forêt de la réserve naturelle, au bord de la rivière ou en haut de la - montagne pour admirer les couchers de soleil.
- Des petits travaux autour de la maison, Yannick se lance dans le trillage du bois de combustion et la réparation de l’abri des chèvres !
- Nous apprenons à la famille à jouer au 10'000, à nouveau c’est la fièvre du jeu qui l’emporte !
- En voyant tous ces fruits qui poussent dans cette réserve, nous décidons de nous lancer dans la préparation d’une confiture de goyave (un fruit dont Céline est une fan incontestée), une vraie réussite ! Victime de son succès, les 10kg partiront en pas moins de 5j… La cuisson au feu de bois rajoute une saveur irrésistible et nous permet aussi de tester la guimauve colombienne, mmh !
- Nous échangeons des recettes de cuisine que nous préparons à tour de rôle, avec entre autres, du côté suisse, des omelettes aux légumes ou au poulet, des croûtes à la cannelle et un émincé de poulet à la zürichoise et du côté colombien, du chocolat chaud traditionnel (eau, lait, sucre de canne, chocolat amer) et des arepas, des galettes de maïs délicieuses à déguster avec du sucré (de la confiture de goyave, par exemple !) ou du salé (du bon gruyère aurait été parfait !)
- Céline apprend à faire du macramé et se fait un petit stock de magnifiques graines récoltées dans la réserve Sacha Mama.
- Un petit peu de jardinage pour la forme : arrosage, plantage de pouces d’arbres pour participer à la reforestation.
- Longues discussion avec la famille, toujours autour d’un bon café ou à la lumière d’une bougie (la maison ne possède pas l’électricité et pas d’eau chaude !)
- Mais aussi la contemplation de la nature, des montagnes, du jardin avec toutes ses fleurs, ses oiseaux, ses papillons (dont certains avec des ailes transparentes !), ses araignées (dont une tarentule rencontrée dans la maison !!!), ses coccinelles aux couleurs étranges, etc.
Mais alors ce café, comment il est fait ? Voici le processus, en 8 étapes :
1. La récolte des cerises, le nom donné aux fruits de l’arbre à café. A Sacha Mama, seule la variété arabica est produite, plus commode pour des zones montagneuses, avec une production moins grande que d’autres variétés, mais une qualité aromatique nettement plus élevée. Comme c’est une production 100% organique, il n’y pas de saison de récolte à proprement parler, les arbres donnent toute l’année. Et on peut vous dire que la récolte, ça prend beaucoup de temps !
2. La séparation de la peau de la cerise du grain de café, grâce à une machine actionnée à la main.
3. Le lavage des grains, afin d’enlever les dernières peaux de cerise, le grain en ressort tout gélatineux.
4. La fermentation pendant 12h dans de l’eau, ce qui permet d’enlever complètement la pulpe gélatineuse qui collait encore au grain.
5. Le séchage au soleil durant 3 jours. Le grain de café en résultant possède encore 10% d’humidité (en espagnol, il se nomme à ce stade « cafe pergamino seco »).
6. Le trillage : grâce à une machine, la dernière peau du grain de café est séparée de l’amande, qui a une couleur plus verte.
7. La torréfaction, on verse les grains dans une machine en forme de cylindre qui tourne et qui est chauffé avec du gaz. Les grains de café sont toastés pendant 20 minutes. C’est à ce moment qu’on sent vraiment l’odeur du bon café, avant, les grains n’ont pas du tout cet arôme ! On ne peut pas vous transmettre les parfums, mais on a fait une
vidéo.
8. Il ne reste plus qu’à moudre le café ! A la machine ou à la main, ce que nous avons expérimenté… C’est bien long ! Et pour un bon café bien serré, il faut pas moins de 10 cerises à café… ça fait beaucoup, non ?
Nous repartons de la finca familiale, heureux d’avoir partagé autant de moments riches et nous souhaitons plein de réussite à la famille de Pedro pour leur réserve naturelle Sacha Mama et la cultivation de leur café, le meilleur qu’on n'ait jamais bu !!!
=> Album Photos Salento