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Ce blog vous fait partager nos aventures en Amérique latine. Elles ont débuté le 17 septembre 2008 et se sont terminées le 3 mai 2010. 20 mois de découvertes, d'anecdotes, de rencontres inédites, QUE DU BONHEUR !!!

Bonne lecture et profitez de la vie !

Céline & Yannick

lundi 20 juillet 2009

On a retrouvé les mystérieuses cités d'or! Le Machu Picchu, c'est beau, mais c'est cher !

On en a tous entendu tellement parler, il nous a fait rêver, on l’a vu des dizaines de fois en photo, nous y voilà enfin ! Mais attention, pour le mériter, il faut suer un peu. Récit d’un « périple-budget ».

Première difficulté du Machu Picchu, s’y rendre. Seuls deux moyens officiels existent : le Camino del Inca, le trekking le plus célèbre qui en 4 jours permet de relier la cité perdue. Mais à 350 USD, ce n’est pas tellement dans notre budget. Si l’on ne veut pas marcher, l’autre option est de prendre le train de PeruRail (une entreprise britannique…) qui charge 96$ aller-retour pour 4h de trajet depuis Cusco, un peu cher pour nous également.

Nous choisirons donc la troisième option, non-officielle celle-ci, qui nous prendra une journée entière et qui nous demandera un détour énorme pour atteindre notre destination finale, le village d’Aguas Calientes au pied de la cité inca. Départ donc à 7h du matin de Cusco avec un bus local, direction Santa Maria. 6h plus tard, un col a plus de 5000m et des centaines de virages avalés, nous arrivons enfin à Santa Maria où nous trouvons rapidement un mini-van qui nous emmène jusqu’à une station hydroélectrique. 1h30 sur une route toute défoncée à flanc de falaise, on a mal aux fesses ! Arrivés à « hydroélectrique », un train de PeruRail attend quelques passagers, mais son prix de 8$ ne nous convient toujours pas. Nous nous mettons donc en route pour parcourir à pied ces quelques 10km sur la voie ferrée, 2h30 de pur bonheur ! Malgré le chemin cahoteux, nous apprécions de retrouver le climat humide de la forêt tropicale (vidéo). Après avoir passé tant de temps dans un climat sec, notre peau nous remercie de cette humidité retrouvée ! A 18h nous arrivons enfin à Aguas Calientes en n’ayant payé que 25 soles par personnes (10 CHF), quand même nettement plus avantageux que le parcours officiel !

Le lendemain, pas le temps de se reposer, à 4h30 du matin, nous sommes déjà en train de faire la file pour prendre le premier bus pour monter au site. Des centaines de gens font comme nous, le but étant d’arriver très tôt pour s’inscrire à l’ascension du Wayna Pichu, une montagne surplombant le Machu Picchu et qui permet une vue d’ensemble du site. Seules 400 personnes par jour peuvent y monter, il ne faut donc pas perdre une minute ! Cette course avec les autres touristes nous horripile, mais il faut bien y passer si on veut profiter de cette vue. 45 minutes de montée à pic avec des marches de 50 a 60cm parfois, nous permet de prendre notre petit-déj à 7h30 du matin avec une vue plongeante sur la fameuse cité inca, juste superbe, nous ne regrettons pas cette course et de s’être levé si tôt !



Le reste de la journée, nous flânons dans les entrailles du Machu Picchu, à nous émerveiller sur chaque pierre, sur chaque empilement de roches, sur chaque édifice. On pourrait y passer des jours, on fait même une vidéo rien que pour vous ! Mais en fait, qui sont vraiment les incas, ces fous qui ont eu l’idée de percher une cité aussi immense que le Machu Picchu à 2900m d’altitude au milieu de la jungle ?

La civilisation inca est apparue dans les années 1200 après J-C, mais c’est seulement avec l’accession au pouvoir de l’empereur Pachacutec (« celui qui transforme le monde ») en 1438, que l’empire s’est progressivement étendu de la Colombie au centre du Chili, soumettant les cultures pré-inca de ces régions au culte du soleil. Durant son règne qui dura jusqu’en 1471, Pachacutec ordonna la construction de temples comme Saqsaywaman à Cusco ou la cité du Machu Picchu. Lorsque les espagnols débarquèrent au Pérou en 1528 avec à leur tête Francisco Pizarro, ils eurent à cœur de détruire toute trace de la civilisation inca sans oublier de se remplir les poches des trésors d‘or et d’argent qu’elle possédait. 1532 marque la chute de l’empire inca avec l’assassinat du dernier empereur. Durant toute la domination espagnole, la cité du Machu Picchu est restée à l’abri des assaillants et ce n’est qu’en 1911 qu’un historien américain du nom de Hiram Bingham la redécouvre.


Autant dire que de nos jours, le Machu Picchu n’a plus rien d’une cité perdue et le commerce autour de ce site est gigantesque. Savez-vous que l’entrée est de 124 soles (près de 50 CHF) et que pour ce prix-là, il faut encore payer pour les toilettes ?! Bon, c’est 1 sol (0.40 CHF), mais quand même… Et comme le site est en haut d’une montagne, soit on s’y rend à pied (1h30 de marche abrupte) ou on prend un bus qui coûte 45 soles aller-retour (18 CHF). Si on fait le calcul du coût total de cette visite en utilisant le train, le bus et en payant l’entrée, cela revient à 190 CHF !!! En sachant qu’en haute saison (mai à septembre) il y a près de 2500 visiteurs par jour, faites le calcul, on arrive à 475'000 CHF brassés chaque jour. La réalité est un peu en-dessous de cette moyenne, puisqu’il y a des margoulins comme nous qui ne suivent pas la voie officielle, des étudiants qui paient aussi moins cher et quelques péruviens aussi, mais c’est pour donner une idée. Et le plus insensé dans cette histoire, c’est que les trois entreprises gérant le train, le bus et le site inca ne sont pas du tout péruviennes, mais britanniques. Les locaux ne voient bien évidemment pas un soupçon de l’argent dépensé par le touriste. (voir photo du dessin sur la redistribution du commerce du tourisme !)

La tête remplie de belles images et de gros chiffres, nous repartons le lendemain d’Aguas Calientes par notre chère voie de chemin de fer préférée. Arrivés à la station hydroélectrique vers midi, nous devons attendre l’arrivée du train avec tous ses passagers pour prendre un combi jusqu’à Santa Maria. Or nous tombons sur un type qui conduit un bus d’agence et qui nous propose des places libres jusqu’à Cusco pour à peine 5 soles de plus que le prix que nous allons payer avec plusieurs moyens de transport différents. La solution est bien tentante, nous attendons donc pendant 2h que tout le monde débarque, les bus se remplissent et partent les uns après les autres, jusqu’à ce que le nôtre soit le dernier à rester. C’est à ce moment que notre homme nous dit que finalement, il n’a plus de place et qu’il nous plante littéralement sur place. Nous sommes les seuls à rester là, tout le monde est parti ! Ah ben merci monsieur ! Céline l’insulte poliment (« Usted es una persona muy mala », vous êtes une très mauvaise personne) en se jurant d'apprendre d'autres insultes plus percutantes en espagnol, et Yannick se retient de lui balancer des pierres.

Deux photos résument assez bien cette situation :
Avant... et après


La rage au ventre, nous attendons patiemment encore 1h30 qu’un bus rejoigne le lieu et veuille bien nous emmener jusqu’à Santa Teresa, d’où nous prenons un taxi jusqu’à Santa Maria. Une fois là-bas, nous arrivons à dégoter un van qui ramène des VTT à Cusco et accessoirement un brésilien blessé après une chute de vélo. C’est donc plus rapide que le bus collectif, mais le chauffeur nous hérisse les poils avec sa conduite peu assurée. Nous arrivons finalement à Cusco sains et saufs à 22h…

Sympa le Machu Picchu, mais faut donner un peu de sa personne quand même ! ;-)

dimanche 19 juillet 2009

En direct de Cusco avec Esteban, Zia et Tao...

A peine le temps de se remettre de notre “petite” marche forcée que nous nous lançons dans la célèbre fête de l’Inti Raymi, le lendemain de notre arrivée à Cusco. La tradition de la fête du soleil que célébraient les incas, et qui avait été un temps interdite par les conquérants espagnols, est perpétuée sur le magnifique site archéologique de Saqsaywaman (petit truc mnémotechnique : « sexy woman »… !), dans les hauteurs de Cusco. Nous découvrons un spectacle haut en couleurs auquel assistent des milliers de péruviens et finalement assez peu de touristes (les blocages routiers ne doivent pas y être étrangers…). Une petite vidéo vous permettra de vous rendre compte de l'ambiance, héhé ! Nous en profitons pour émoustiller nos papilles en goûtant aux petites friandises locales, comme des popcorns géants, des têtes de choco (si si !), des chaussons aux pommes et des patates cuites dans un four construit en terre que l’on nous offre gentiment. On se régale !

Après cette sympathique entrée matière, nous partons à la découverte de la ville de Cusco, qui fut la capitale de l’empire inca. Elle garde les traces de ce passé glorieux dans son architecture, nombre d’édifices possédant encore des murs incas sur ses bases et un style espagnol sur le haut, un métissage plus que réussi ! Mais savez-vous que lors de séismes, ce qui arrive assez fréquemment au Pérou, les murs incas n’ont jamais été détruits, alors que les constructions espagnoles ne tiennent pas le coup ?

Nous trouvons une auberge bien sympa dans les hauts du quartier artistique de San Blas aux maisons blanches et aux rues escarpées. Comme Cusco est quand même situé à 3300m d’altitude, on tire la langue à chaque fois qu’on arrive en haut, mais la condition physique s’améliore au fur et à mesure que les jours passent. De notre hospedaje, nous avons une vue magnifique sur la ville. Ajouté à notre chambre qui est superbement meublée, la convivialité du lieu et un petit chaton qui nous fait chaque jour rigoler, nous passons des jours bien paisibles !

A Cusco, nous retrouvons nos deux compatriotes, Céline et Patrice, deux fribourgeois que nous avions rencontrés à San Pedro de Atacama, au Chili. Nous passons une soirée mémorable dans les bars du quartier de San Blas, on se croirait presque en Suisse avec cet accent ! La solidarité patriotique aidant, grâce à Céline et Patrice, nous visitons tous les sites archéologiques de Cusco et de la vallée sacrée : Tombomachay, Qenko, Tipón, Chinchero, Moray,… En résumé, pour visiter ces sites, il est nécessaire d’acheter un « billet touristique » qui vaut une fortune (130 soles, un peu plus de 50 CHF) et comme nos deux fribourgeois n’ont pas eu le temps de l’exploiter totalement, ils nous l’offrent généreusement, merci beaucoup !!!

Nous sommes véritablement charmés par la découverte de ces vestiges incas. Chaque site a sa propre âme et nous donne un aperçu du mode de vie et du niveau très avancé des connaissances de cette civilisation (entre 1200 et 1536 après J-C). Moray par exemple était une sorte de laboratoire d’agriculture avec des terrasses étagées de manière concentrique où chaque niveau possédait un climat différent. Cela permettait d’expérimenter la production de différentes céréales, légumes ou fruits, qu’ensuite les incas plantaient dans leurs champs.




Le site de Tipón quant à lui était un sanctuaire dédié au culte de l’eau avec un système d’irrigation des terrasses très sophistiqué. Pikillaqta est un site pré-inca (750 après J-C) reconnaissable à ses édifices construits avec un empilement de pierres colmatées avec de la terre, qui au contraire des murs inca, n’ont pas cette structure si parfaite.



Dans un autre registre, nous visitons les salinas de Maras, des salines en terrasses que les incas exploitaient déjà de leur temps. De l’eau salée s’écoule de la montagne et remplit des centaines de piscines qui sèchent au soleil. A la lumière de fin de journée, la vision de ces terrasses blanches sur fond de montagne verdoyante est de toute beauté ! A Chinchero, nous visitons un marché artisanal qui nous émerveille par ses couleurs chatoyantes. Des étoffes multicolores, des sacs, des pulls et écharpes en laine d’alpaga, des calebasses gravées et bien sûr toutes les femmes en habit traditionnel, superbe !

A parallèle à ces découvertes, nous avons aussi l’occasion de revoir nos fidèles compagnons, Fanny et Eric, mais cette fois c’est bien la dernière fois, eux partent vers la Bolivie et nous vers le nord du Pérou. Nous fêtons l’événement autour d’un bon vin chilien (!) et d’un riche menu péruvien. Nous leur souhaitons tout le meilleur pour la suite de leur périple et comptons bien les revoir dans le bocage normand, au pied de la Tour Eiffel ou autour d’une fondue suisse ! Que les vaya bien muchachos !

Un des derniers jours à Cusco, nous assistons à une grève nationale. Tous les transports sont annulés et les magasins de la ville sont fermés… Enfin, ça c’est pour l’apparence, car derrière les grilles, le commerce continue ! Sur la place d’Armes, un mur est placardé d’affiches dénonçant les agissements du gouvernement : les méfaits des industries pétrolière et minière, la censure, la pauvreté du peuple péruvien, la politique hydroélectrique et la corruption du gouvernement. Vive le Pérou ! Nous comprenons totalement la révolte du peuple péruvien, mais cette grève signifie aussi pour nous l’annulation de notre voyage en train prévu pour dans quelques jours de Lima à Huancayo. Nous avons réservé nos billets pour le train le plus haut du monde, mais malheureusement, le jour où nous devons relier la capitale en bus, aucun véhicule ne circule… Décidément, pas facile de voyager au Pérou par ces temps mouvementés !

PS : nous vous donnons plein d’autres informations sur tous ces sites incas que nous avons visités dans l’album photo de Cusco !

samedi 4 juillet 2009

Merci cher gouvernement péruvien

Cher Monsieur Le Président García,

Nous aimerions par la présente vous manifester toute notre reconnaissance pour nous avoir permis de vivre une expérience formidable tant au niveau humain que sportive. Votre gouvernement a récemment pris des décisions importantes sur plusieurs thèmes qui ont quelque peu chahuté la population de votre cher pays. Il s'agit entre autres :
  • de la privatisation des ressources hydrauliques
  • de la création de concessions minières et pétrolières à destination d'entreprises étrangères, notamment en Amazonie
  • du manque de volonté politique d'aide à l'agriculture
Bien sûr, face à ces bouleversements politiques, la population péruvienne n'a pu rester les bras croisés et s'est organisée pour bloquer des régions entières, dont la fameuse route Arequipa-Cusco que nous devions emprunter. Grâce à votre stratégie de dénis du problème et du manque de clarté sur l'évolution des pourparlers, il nous a été très difficile d'évaluer le niveau de blocus routier. Nous sommes donc partis avec une compagnie de bus qui nous a assuré qu'il n'y avait que 30 minutes à marcher pour passer les blocages de la ville de Sicuani et que d'autres colectivos (bus) nous prendraient en charge ensuite. Nous sommes donc partis confiants.

Après 8h de bus, nous sommes arrivés à environ 10km de Sicuani, en plein milieu de la nuit (première surprise, nous devions arriver plus près de la ville...). Impossible de continuer, des monceaux de pierres jalonnaient la route. A 3h du matin, nous avons donc tous chargé notre paquetage et départ pour une "petite" marche revigorante par zéro degré, en pleine nuit, en longeant une file de plusieurs kilomètres de camions bloqués au bord de la route.

Nous avons passé les premiers barrages sans encombre (les hommes étaient ivres au coin du feu) et après 1h30 de marche, nous sommes enfin arrivés à Sicuani. Nous ne devions que traverser cette ville-fantôme isolée par les blocus, pour continuer comme prévu notre route avec un autre bus. Heureusement pour nous, nous avons réussi à nous entasser à dix avec tous nos bagages dans une petite camionnette pour traverser la ville. Les jambes encore endolories de la position inconfortable, nous avons repris la route.

Le soleil commençait à poindre le bout de son nez lorsque nous avons appris que la route serait bien plus longue que quelques kilomètres, on nous en a annoncé encore 20 (la deuxième bonne surprise)!!! Peu rassurés, nous avons ainsi marché des heures durant, sans voir la fin du voyage. Plus nous avancions, plus il restait de kilomètres à effectuer (bien plus de 20km en réalité...). Avec nos 30kg sur le dos, nos épaules souffraient, mais nous n'étions de loin pas les seuls, des centaines de gens étaient dans la même galère, nous marchions tous en ne sachant pas quand le calvaire allait s'arrêter, une vraie procession de pèlerins!



Grâce à différents moyens de transports "écolo" (vélo, tricycle, moto-taxi...), nous avons pu soulager notre dos et avancer un peu plus vite qu'à pied. Mais jamais très longtemps, car les blocus routiers bien répartis sur toute la route, ne laissaient pas passer ces aides bien utiles et si ces dernières le tentaient quand même, elles se faisaient jeter des pierres. Eh oui, il ne faut pas faire d'argent sur le dos des manifestants!

Nous avons aussi rencontré de sympathiques personnes comme ces femmes qui travaillaient aux champs et qui nous ont offert du "moté", une sorte de maïs cuit à la vapeur, un vrai délice! Après des heures de marche, nous n'écoutions plus les prévisions des gens qui partaient dans tous les sens et nous avancions comme des robots. Tellement comme des robots, que Yannick s'est tordu la cheville sur une des nombreuses pierres couvrant la route. Et le voilà transporté sur un tricycle avec le reste des bagages (la troisième bonne surprise). Avec une équatorienne, nous avons passé un des blocages sur un pont avec le tricycle en main et nous avons bien failli ne jamais le passer, les hommes étant furieux de nous voir utiliser un moyen de locomotion autre que nos pieds!



A 16h, au bout du rouleau, nous avons enfin trouvé un camion de blé qui a bien voulu nous pousser jusqu'au prochain village où des voitures étaient disponibles. Nous avons dû nous cacher pour nous éviter de nous faire tirer des cailloux dessus par les manifestants, quelle aventure! Heureusement, nous avons enfin pu prendre un taxi pour arriver sains et saufs sur Cusco (après avoir crevé un pneu quand même, la dernière bonne surprise), à 19h, exactement 24h après notre départ d'Arequipa! Au total, 13h de marche et pas moins de 50km...

Voici donc le récit de cette fabuleuse aventure humaine et physique que, Monsieur Le Président, vous avez rendu possible. Nous espérons que vous continuerez à ne pas répondre aux manifestations de votre peuple afin que des milliers de personnes, touristes et locaux, puissent vivre la même expérience enrichissante que nous.

Nous vous tirons notre chapeau bas, Monsieur Le Président, et vous souhaitons plein succès dans la suite de votre mandat.

Amitiés

Dos mochileros suizos

mercredi 1 juillet 2009

Arequipa et Canyon de Colca, le test du voyage organisé

Notre première halte au Pérou se nomme Arequipa, une superbe ville posée à 2335m d’altitude et entourée de trois volcans dans les 6000m ! Cette ville fut très prospère dès sa fondation, au XVIe siècle, où elle fut la plateforme commerciale de l’argent extrait des mines de Potosi en Bolivie, puis grâce au négoce de la laine d’alpaga exporté en Europe. Cette prospérité est sensiblement visible dans l’architecture de la ville, notamment avec le « sillar », la pierre volcanique blanche utilisée dans la construction des monuments, églises et casonas (vastes demeures du XIIe et XIIIe siecles) au style andalou. Nous ne sommes pas très étonnés d’apprendre qu’elle fait partie du patrimoine mondial de l’Unesco !

Nous flânons dans les ruelles et rendons une petite visite à « Juanita », la « princesse des glaces », une fillette de 12 ans retrouvée congelée dans le cratère du volcan Ampato. Il y a environ 550 ans, Juanita a été sacrifiée au dieu de la montagne Apu par son peuple les Incas. Avant sa mort, on lui a administré des feuilles de coca et de la chicha (de l’alcool de maïs) et un coup fatal sur le crâne l’emmène définitivement vers l’au-delà. Son corps libéré des glaces du volcan est dans un état de conservation impeccable, les tissus sont quasiment intacts et les offrandes l’accompagnant (poteries, statuettes) sont magnifiques. Malheureusement, interdit de prendre des photos, nous ne pouvons donc que vous dire qu’elle n’a plus très bonne mine la Juanita ! ;-) On a quand même cherché quelques photos sur Internet rien que pour vous.

Autre grosse attraction de la région d’Arequipa, c’est le Canyon de Colca. Avec ses 1200m de profond sur un versant et 3000m sur l’autre, il est paraît-il l’un des plus grands du monde. Toute la vallée est cultivée en terrasse ce qui donne à l’ensemble un relief étonnant et de toute beauté. Nous testons pour vous le voyage organisé : 3 jours de rando avec un guide, que nous entreprenons avec Diane et Victor, un couple de français très sympa rencontré à dans notre hospedaje. Départ donc à 3h30 du mat (dur dur), avec pour premier stop, la Cruz del Condor… C’est l’angoisse, c’est bourré de touristes ! Il y en a tellement, qu’on se demande qui observe qui, entre les touristes et les condors…

La descente dans le canyon est assez rude, 2h30 non-stop de sentier pierreux et sablonneux, les genoux tremblent, mais la vue est magnifique ! Le versant opposé est très fertile grâce à une irrigation efficace de champs en terrasse, alors que celui que nous dévalons est tout sec. A peine atteint le fond de la vallée, que nous devons remonter jusqu’au petit village de Cosñirhua encore à 1h30, où nous passons la nuit dans un hostal familial. Un bon repas bien copieux avec une bonne souplette et hop, 21h15 extinction des feux, nous nous endormons en 2 secondes !

Le lendemain, nous reprenons la route en traversant les deux petits villages de Cosñirhua et Malata. Nous croisons une petite vieille dame qui porte une quinzaine de kilos de maïs séché sur le dos destinés à son âne. Elle essaie de nous parler espagnol, mais en fait c’est plutôt un mélange de quechua et d’espagnol, heureusement que Luis notre guide nous traduit, car on ne comprend rien ! Il lui demande son âge et elle répond qu’elle a perdu le compte (« yo perdi la cuenta »). Selon les calculs de Luis, dont la famille habite le canyon, elle doit avoir dans les 77 ans, et elle se porte comme un charme ! D’ailleurs, la marche que nous effectuons, elle la fait quotidiennement… Nous lui demandons si nous pouvons prendre une photo et en retour, elle nous demande un « caramelo » (et non de l’argent comme souvent au Pérou). Comme nous ne possédons pas cet article en stock, on lui donne une barre de céréales qui dessine sur son visage un beau sourire… sans dent, on se demande comment elle va manger cette barre de céréales !

Après les villages, nouvelle descente bien sympathique pour les genoux (Céline serre les dents) pour nous rendre dans un oasis au fond du canyon où nous pouvons profiter d’une jolie piscine bien agréable par cette chaleur. Le plaisir sera de courte durée, car le chemin pour remonter en haut du canyon est un sentier super raide et nous voici partis pour 2h30 de transpiration. Le chemin n’est pas très intéressant et le but ne semble jamais se rapprocher, ce qui est assez dur pour les nerfs ! Nous arrivons à Cabanaconde juste à temps avant la nuit, ouf ! Le soir, un festival de danse traditionnel a lieu au village, mais une coupure de courant nous empêchera de bien distinguer ces danses… Le dernier jour, nous allons admirer une dernière fois le canyon depuis un mirador avant de reprendre le bus organisé pour repartir sur Arequipa. Nous sautons la visite des thermes bien trop courte à notre goût pour le prix demandé… Et au lieu du buffet proposé par l’agence dans le village de Chivay, nous préférons aller manger dans un petit restaurant, 5 fois moins cher et visiter le marché ! L’occasion aussi d'apprendre que le dahu existe aussi au Pérou et de voir un bébé alpaga de près… Une sacrée touffe de poils !



Résultat de notre test du voyage organisé ? Mitigé ! Les plus : les explications de notre guide Luis (quoi que Victor, agriculteur de son état, se débrouille plutôt bien dans notre apprentissage de la flore locale !), son aide pour traduire les propos des villageois qui parlaient quechua, pas de perte de temps dans l’organisation et prix intéressant. Les moins : tout est minuté et on ne peut pas flâner dans les rues comme on le fait d’habitude (le meilleur moyen de sentir un endroit), pas de flexibilité et franchement, le mirador des condors, c’est vraiment horrible !

Le refera-t-on ? Euh, si on peut faire autrement, on n’hésitera pas ! ;-)

La minute culturelle
Les habitants de la région se divisent en deux ethnies avec des traditions bien différentes. A l’époque, ils déformaient la tête des enfants avec des planches de bois, une ethnie formant des crânes allongés et l’autre en les aplatissant. Bien sûr, ces pratiques ont été réprimées par les espagnols et maintenant, les différences se traduisent dans les vêtements traditionnels et les chapeaux. En ce qui concerne les habitants du canyon, ils vivent éloignés du monde économique, puisqu’aucune route ne mène à ces villages. Et c’est tant mieux pour eux, grâce à une nourriture saine et une activité physique permanente, ils vivent centenaires, quelques personnes ont même jusqu’à 115 ans ! Les enfants du village de Cosñirhua, une fois atteint l’âge de l’école secondaire, doivent monter jusqu’à Cabanaconde à pied tous les jours… (descente de 400m de dénivelé jusqu’au fond du canyon, pour remonter de l’autre côté sur 1200m). Ce qui revient à exactement la même route que nous faisons le deuxième jour de notre excursion. Mais au lieu des 4h de marche que nous effectuons, ils ne mettent que 2h… Cette vie paisible à l’écart des soucis de nos sociétés pourrait être menacée, car une route est en projet et devrait voir le jour dans quelques années…